Assises de l’éducation d’Argenteuil

Mardi 25 mars à 20.00 doit se tenir salle Maurice Sochon près de la maison de quartier d’Orgemont la réunion de synthèse des quatre tables rondes qui ont eu lieu à Argenteuil sur l’école et les enjeux de la formation dans le premier et le second degré.
vendredi 21 mars 2008
par  Snes S2 Val d’Oise

Cette initiative locale de représentants de parents et d’enseignants, à laquelle la FSU s’est associée, a permis de confronter les points de vue et d’échanger. Au-delà de ce qui est lié à la situation d’Argenteuil, ce fut l’occasion de souligner les risques que fait courir à l’école la politique actuelle et d’esquisser des réponses aux enjeux de la formation.

Cette initiative locale de représentants de parents et d’enseignants, à laquelle la FSU s’est associée, a permis de confronter les points de vue et d’échanger. Au-delà de ce qui est lié à la situation d’Argenteuil, ce fut l’occasion de souligner les risques que fait courir à l’école la politique actuelle et d’esquisser des réponses aux enjeux de la formation.

Deux thèmes ont concerné le second degré :

Deux autres thèmes ont concerné plus particulièrement le 1er degré :

Rythme scolaire - Petite enfance

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Invitation
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COLLÈGE POUR TOUS : QUELS OBJECTIFS ?
Quelles connaissances acquérir au collège et pour quoi faire ?
Quelles ambitions pour l’éducation prioritaire et quels moyens pour son fonctionnement ?
Doit-on mettre en place des filières et des spécialisations dès le plus jeune âge, ou maintenir le collège unique en lui donnant les moyens de fonctionner ?
Quelle offre de formation pour les 9 collèges d’Argenteuil (carte des langues, options, etc.) ?

La présentation du thème fut l’occasion de constater que ce qui a été mis en place à Argenteuil est le résultats des luttes menées par les enseignants et les parents : c’est ainsi que le collège Camus n’a pas été fermé, qu’il a été obtenu la création d’un 9ème collège ou encore que tous les établissements de la villes ont obtenu la classement ZEP en 1999 - à l’exception du collège Carnot.

Mais au-delà, il y a la politique nationale, qui oblige à faire plus avec moins, et qui impose un socle commun aux allures de service scolaire minimum pour les enfants des milieux les plus défavorisés. La baisse des effectifs dans chaque classe que chacun appelle de ses voeux, la limitation des groupes de langue ou de sciences expérimentales à 15 élèves ou l’attribution d’une demi série de manuels par niveau à chaque enseignant d’une discipline pour alléger le poids des cartables risquent donc fort de rester des voeux pieux rangés au rayon des espoirs déçus. A cela s’ajoute le désarroi exprimé par nombre de parents qui manquent d’outils pour analyser la situation des collèges et la politique qui y est appliquée, que le passage de leurs enfants de 3è en seconde inquiète et qui craignent que le socle commun étant entré en application, la mémoire de ce qui se faisait avant ne soit perdue. Or, la nécessité de donner à tous les élèves les clés d’une culture commune solide est ressentie par tous comme fondamentale.

Les personnes présentes étaient souvent d’accord pour dire que le collège unique voulu par René Haby constitue une structure trop figée, qui ne prend pas en compte de façon suffisante la diversité des élèves. Pour autant il n’y a pas de solutions toute faite qui permette les progrès de chacun de façon identique au même endroit et au même moment. D’autant que les conditions sociales se dégradent énormément depuis quelques années, ce qui tend à exclure de plus en plus de l’espace scolaire - et donc du dialogue avec les enseignant - les parents dont la situation est la plus fragile ou précaire. De leur côté, les enseignants sont assez peu armés pour prendre en charge des adolescents les plus en difficulté et ce d’autant qu’il n’y pas ou très peu de psychologues scolaires. On a aussi abordé la question des cantines scolaires et des fonds sociaux. La mise en oeuvre du quotient familial apparaît un enjeu fondamental dans un secteur où un nombre grandissant de familles ne peut plus, faute de moyens, inscrire ses enfants à la cantine. Le Conseil Général du Val d’Oise a toujours été largement absent sur ces questions, en particulier pour ce qui concerne les fonds sociaux des collèges.

Au bout du compte, la même question récurrente revient : quels moyens pour quelle politique éducative et scolaire ?

Car pour aboutir à ce que chaque élève accède à une culture commune ambitieuse, la question des moyens se pose forcément. Et traiter l’échec scolaire au collège par le recours à l’apprentissage et aux CAP revient surtout à éviter de mettre des moyens pour les élèves en difficulté, surtout s’ils sont issus de milieux défavorisés - ouvriers mais aussi employés précaires ou précarisés du secteur tertiaire.
Au-delà de ce constat il y a une autre réalité : pour beaucoup de parentsle collège est le lieu où se joue la réussite scolaire de l’élève. Comment accepter dans ces conditions que le collège se concentre sur l’insertion professionnelle, sans tenir compte de ce qui construit le lien social et fait donc de l’élève un être social et culturel ? Comment l’élève peut-il se projeter dans l’avenir dans ces conditions - en sachant que paradoxalement c’est aux élèves les plus fragiles qu’on demande de se prononcer le plus tôt sur le choix de leur futur métier ?

La question se pose avec d’autant plus d’acuité que l’académie de Versailles est celle où la polarisation sociale et scolaire s’inscrit le plus fortement dans l’espace ce qui est à est à mettre en corrélation avec des résultats scolaires qui y sont 3,7 points plus faibles que les résultats attendus. Or, plus la polarisation est forte, moins les résultats sont bons. Par ailleurs, les moyens attribués à l’académie de Versailles proportionnellement au nombre d’élèves accueillis sont les plus faibles de France (avec ceux attribués à la Réunion, les deux académies se repassant la cuiller de bois d’une année à l’autre). Dans un tel contexte on peut comprendre le sentiment d’abandon ressentis par certains des intervenants.

FILIÈRES ET CARTE SCOLAIRE
À quoi sert la carte scolaire ? Le principe de la sectorisation peut-il suffire à garantir la mixité sociale ? L’académie a fixé l’objectif de « donner de meilleures chances de réussite à chaque élève ». Les établissements d’Argenteuil ont-ils les moyens de cette politique ? Les pôles d’enseignements correspondent-ils à une offre variée et équilibrée pour permettre aux élèves d’accéder à des études adaptées et diversifiées, puis le cas échéant, à l’enseignement supérieur ? Doivent-ils correspondre aux besoins professionnels fixés par les entreprises locales ?

Ce thème était celui du lycée et par extension de l’accès aux études supérieures. Les différents intervenants ont posé la problématique du lycée comme lieu de construction de l’avenir professionnel de l’élève, en particulier au travers de l’orientation et des filières mise en place dans les différents établissements. Un des axes de discussion privilégiés a été la diversité du lycée en la matière, des sections générales aux sections professionnelles. Conséquence logique : ont été interrogées la cohérence et l’exhaustivité des filières et options proposées aux élèves dans chaque bassin de formation - entendons par là en terme d’implantation géographique et donc social : quels sont les choix opérés par les institutions responsables de la carte des formations (Éducation Nationale et Conseil Régional), en fonction de quels critères politiques économiques et sociaux... Nombreux ont été les intervenants qui ont souligné le caractère incomplet de l’offre de formation proposé dans le bassin d’Argenteuil, mais aussi la diversité des établissements du secteur Si les quatre lycées d’Argenteuil sont classés ZEP, ils ont des offres de formations différentes et leurs résultats aux examens varient de façon assez sensible. Il existe une évaporation d’une partie des flux d’élèves vers les établissements privés. Certaines familles contournent la carte scolaire - qui devient ainsi très théorique dans le cas des lycées - par des choix d’options particulières plus ou moins rares. Le sentiment était unanimement partagé par les parents et les enseignants d’Argenteuil d’une offre de formation en réduction, à mettre en lien avec la réduction des dépenses de formation impulsée par l’Etat depuis plusieurs années. En conséquence le temps de trajet ne cesse d’augmenter pour les élèves qui veulent prendre une option qui n’est pas ou plus enseignée dans l’un ou l’autre des lycées de la ville. De fait les options les plus courantes et les moins onéreuses peuvent être largement diffusées. Lorsque cela coûte cher l’offre est beaucoup plus réduite. La question de l’implantation géographique n’est d’ailleurs pas toujours socialement neutre, même si cette interprétation ne peut être systématisée.

La question s’est posée des besoins mais aussi des désirs de l’élève en terme de formation, le rôle de la formation initiale étant surdéterminant quant à l’avenir professionnel de l’individu. C’est autour de cet aspect principalement que se décline la dichotomie entre la volonté collectivement exprimée d’une offre de formation adaptée et une recherche plus individualisée de solution. C’est aussi dans ce cadre que s’est posée la question de l’apprentissage, de ses objectifs et de ses modalités, mais aussi du public auquel il est destiné. Plusieurs interprétations se sont opposées.

L’apprentissage doit-il être organisé par les entreprises ou les chambres de métiers ? Dans ce cas le lycée pourrait être un « lycée unique », excluant l’apprentissage pour se concentrer sur un enseignement initial du BEP au post bac - pour autant que le BEP ne disparaisse pas totalement au profit des bacs pro en 3 ans - au risque de perdre en route les plus fragiles. D’autant que les chiffres montrent qu’il existe une difficulté plus ou moins forte à trouver un maître d’apprentissage en fonction des origines ethniques de l’élève.
Au contraire, l’apprentissage doit-il être le fait de l’enseignement public et intégré dans un « lycée pour tous » avec des passerelles d’une forme à l’autre d’enseignement. Un lycée conçu pour n’être pas uniforme et pour être capable de s’adapter à des difficultés ponctuelles de l’élève.

Au-delà des questions de formation professionnelle s’est aussi posé celui du rôle de l’école. Il apparaît que pour beaucoup des intervenants il s’agit d’acquérir des compétences permettant une bonne insertion sur le marché du travail, mais aussi d’être préparé à devenir un être social et culturel capable du jugement critique. Cela est d’autant plus vrai qu’à compétence égale, c’est la culture qui va faire la différence. Se pose donc la question de la fluidité sociale dont beaucoup de parents présents pensaient qu’elle était de plus en plus difficile à réaliser. La politique actuelle d’optimisation des moyens de l’Éducation Nationale, en accroissant la charge de travail des enseignants, en réduisant les horaires d’enseignement par niveau, en augmentant le nombre d’élèves par classe conduit à renvoyer les plus fragiles vers l’apprentissage. Un apprentissage conçu comme un moyen pour l’État de s’exonérer de ses responsabilités et de se contenter de faire de la reproduction sociale. Cela n’est pas sans conséquences alors que la panne du système - entendons par là son incapacité à faire reculer encore l’échec scolaire depuis le milieu des années 1990 - est par ailleurs largement dénoncée dans les médias. De fait le nombre de sortie sans diplôme du système éducatif est passé de 200 000 élèves à 60 000 entre 1980 et 1995, un chiffre qui tend à stagner depuis. Les différences entre massification et démocratisation, désir de l’enfant et capacité de l’élève, offre de formation et demande de formation ont aussi été évoquées.
Dans tous les cas, la question les moyens accordés à l’école à tous les niveaux de formation reste posée.

Les deux autres des tables rondes concernaient plus particulièrement l’école primaire de la maternelle à l’élémentaire : « RYTHMES SCOLAIRES : ENJEUX ET EFFETS » d’une part et « PETITE ENFANCE ET SCOLARITÉ » d’autre part.

Le débat du premier thème était centré sur la suppression des cours le samedi matin à l’école primaire pour imposer aux élèves en difficulté 2 heures de cours supplémentaires chaque semaine. Au-delà se posait la question de la remise à plat de l’organisation du temps scolaire pour prendre en compte l’intérêt de l’enfant, ce qui suppose de s’interroger sur l’articulation des temps scolaire et extra scolaire.

Le second thème partait du constat que école maternelle est le premier maillon du service public en matière de scolarisation, ce qui représente un enjeu fort en terme de réussite scolaire, alors que par ailleurs le taux d’accueil des moins de 3 ans régresse partout. Ont été abordées aussi la question des rythmes spécifiques des jeunes enfants et celle des passerelles imaginer avec les structures de la petite enfance (crèches, haltes-garderies...).