Les épreuves de spécialité enfin reportées en juin : une décision nécessaire mais insuffisante

Une première défaite pour la Réforme Blanquer
mercredi 30 août 2023
par  Secteur politique éducative

Depuis 4 ans, le SNES-FSU, comme l’immense majorité des collègues, dénonce le bac Blanquer. Les « ventilateurs à angoisse » avaient pourtant raison, puisque le nouveau ministère de l’Éducation nationale recule en annonçant le report des épreuves de spécialité au mois de juin. Le ministère reconnaît donc lui-même l’une des aberrations de la réforme Blanquer : épreuves préparées au pas de course en quelques mois, au détriment des élèves les plus fragiles, absentéisme et démobilisation des élèves au troisième trimestre, etc. Ce recul est une première victoire. Cela reste cependant nettement insuffisant.

 Bac 2023 : un banc d’essai désastreux

Parmi les nombreuses aberrations du calendrier du bac Blanquer, le positionnement en mars des épreuves de spécialité, pour que leurs résultats puissent être intégrés dans Parcoursup, était particulièrement problématique. Placées bien trop tôt, ces épreuves contraignaient les élèves, avec leurs professeurs, à une course contre la montre pour être prêts dès la fin du second trimestre.
Pour la première fois, lors de l’année scolaire 2022-23, ce calendrier a été appliqué tel que l’avaient conçu l’ex-ministre Blanquer et l’autre artisan de la réforme, Pierre Mathiot. Et ce qui avait été annoncé par le SNES s’est réalisé dans sa totalité : un rythme effréné et épuisant durant deux trimestres pour clore les programmes, puis un relâchement des élèves, allant jusqu’à l’absentéisme, une fois les épreuves passées. C’est ce qui avait déjà été pointé par le SNES Versailles lors du troisième trimestre de l’année scolaire précédente. Évidemment la grande presse a fait ses choux gras de ce constat : comment motiver des élèves pour lesquels « tout est joué » puisqu’ils savent déjà s’ils ont ou non leur bac et que leur dossier Parcoursup est clos depuis la mi-avril ?

 Une mesure insuffisante et des questions toujours sans réponse

Face au désastre, notamment en terme d’image publique, la décision officielle a finalement été prise de reporter les épreuves de spécialité en juin, soit une première forme d’aveu d’échec pour le Ministère. Si ce recul est pour nous une première étape, tous les problèmes de fond sont loin d’être résolus.

Une annonce médiatique improvisée
Dans la continuité de la gestion de l’Éducation depuis 2017, les modifications ont été annoncées dans la presse, sans réflexion sur leurs conséquences. Et si le report en juin est une première victoire, il reste bien des questions sans réponses :

  • Quelles conséquences sur les programmes de spécialité ? Le ministre annonce une concertation en septembre, alors que les cours auront débuté !
  • Quelles modalités pour les épreuves ? Le passage d’une même spécialité sur plusieurs jours et le dédoublement des sujets (qui posent de gros problèmes d’équité !) seront-ils maintenus ?
  • Quid du Grand Oral pour lequel il est annoncé un renforcement de l’aspect disciplinaire ? Quels moyens seront donnés pour la préparation de cette épreuve dont le SNES-FSU dénonce depuis le départ le non-sens ?
  • Enfin, avec le maintien de Parcoursup en mars, on peut s’inquiéter de la volonté du ministère de renforcer davantage encore le contrôle continu, avec tous les dangers qu’il comporte (pressions constantes sur les élèves et les professeurs, inéquité...). Le refus de toute réflexion sur cette question montre aussi que le gouvernement maintient sa philosophie aux effets dévastateurs : logique de tri social et accentuation du déterminisme social.

 Une nécessité : obtenir la fin du lycée et du bac Blanquer

Les revendications du SNES sont plus légitimes que jamais !
Au vu du désastre de la session 2023, le report des épreuves de spécialités en juin apparaît comme une simple mesure de bon sens, dont on ne peut se contenter.
A terme, c’est bien l’ensemble des réformes des lycées, du bac et de l’accès à l’enseignement supérieur qui devront être revus. Il est plus que temps de mettre fin au gâchis et de revoir l’organisation des enseignements afin de redonner au bac ses dimensions de premier grade universitaire et de diplôme national.
Cette première victoire ne doit pas faire oublier les revendications que le SNES-FSU continuera de porter :

  • La fin du contrôle continu et la reconstruction d’un bac fondé sur des épreuves terminales, nationales et anonymes, pour l’ensemble des disciplines.
  • Le maintien des trois spécialités en terminale, de manière transitoire, et une refonte ensuite de l’organisation des enseignements. Il est fondamental de reconstituer des groupes classes au lycée ainsi que de vraies séries repensées et rationalisées.
  • La fin de Parcoursup qui favorise la privatisation de l’enseignement supérieur et renforce les discriminations sociales. Une politique ambitieuse de démocratisation de l’enseignement supérieur nécessite une augmentation des moyens dans les universités.
    Retrouvez ici l’appel du SNES-FSU pour le lycée :« Un autre lycée est possible ! »
    Retrouvez ici le communiqué de presse du SNES-FSU.