Pétition du lycée Camille Saint Saëns de Deuil la Barre

Face à la dégradation de leurs conditions de travail, les personnels de l’établissement ont décidé de rédiger une pétition qui en analyse et en dénonce les causes. Principaux extrait.
mercredi 1er novembre 2006
par  Snes S2 Val d’Oise

La rentrée 2006 au Lycée Camille Saint-Saëns

Nous assistons depuis quelques années à des transformations importantes dans la profession enseignante et les conditions de travail des enseignants. (...).
Nous sommes (...) confrontés à une politique délibérée de réduction budgétaire et à une pénétration croissante des mécanismes du marché dans les établissements scolaires désormais tenus à des obligations de résultat qui se mesurent en termes de rentabilité budgétaire. Or, pour nous qui travaillons dans le bassin de Sarcelles, l’idée de mission de service public prend tout son sens parce que face à des élèves souvent en difficulté, nous sommes amenés à déployer des efforts qui dépassent nos obligations statutaires et parce que les besoins horaires pour faire un travail correct dépassent les limites fixées par l’exigence de rentabilité financière.
D’autre part, les gouvernements qui se sont succédés dans les cinq dernières années encouragent les parents à s’opposer aux enseignants et à avoir une position de consommateurs. Ils sont donc incités à privilégier les intérêts immédiats et individuels et à négliger l’intérêt général et la perspective de long terme (...).

La question des emplois du temps

Les emplois du temps ont été conçus dans le souci premier d’éviter les trous aux élèves et de leur ménager des journées les plus longues possibles. La direction de l’établissement a alors fait des choix, sans aucune concertation avec les enseignants : refus de plages de deux heures pour les Secondes dans certaines matières, classes libérées le mercredi matin et/ou le samedi matin, AIM et AIF couplées, les élèves étant obligés de choisir l’une ou l’autre. Ces contraintes ont accentué la dégradation de nos conditions de travail : emplois du temps à trous, parfois étalés sur cinq jours et ne tenant pas compte du lieu de résidence du professeur et de son temps de transport, heures de repas de 10h30 à 11h30 ou en dehors des heures d’ouverture de la cantine ou même impossibilité de prendre un repas.
Face à ces anomalies, il a été demandé aux professeurs qu’ils trouvent eux-mêmes des solutions (...) alors que (...) leur rôle est d’assurer leurs cours dès la rentrée et non pas de consacrer des heures à la recherche de modifications d’horaires.

Le temps de présence des enseignants dans l’établissement

Le sentiment est croissant chez les enseignants que leur implication et leurs efforts ne sont pas reconnus. Pour beaucoup, les professeurs ne travaillent pas assez et il faut les fixer davantage dans les établissements. Or notre métier (...) implique aussi de pouvoir disposer de temps pour les copies, la préparation des cours, la remise à niveau de nos connaissances, toutes choses dont on peut légitimement penser qu’elles ne sont guère réalisables dans le cadre de « trous ». En effet, les conditions matérielles de notre établissement ne nous offrent ni le calme, ni des moyens techniques suffisants en nombre et en qualité. Et la fatigue générée pèse elle aussi sur la qualité de notre travail.
(...) Les heures de trou et les plages horaires libres des enseignants sont vues comme des moments d’organisation de réunions ou d’affectation des enseignants à des tâches diverses. Alors quand faire notre travail ?

Le nombre insuffisant de certains personnels

Deux CPE, une documentaliste, 5 surveillants, pour 1200 élèves. Comment dans ces conditions assurer un suivi des élèves sans que les CPE ne deviennent bénévoles ? Et comment accepter que le CDI doive être fermé aux heures de repas, le mercredi et le samedi ? Qui assurera l’étude dirigée, théoriquement obligatoire pour tous les élèves de Seconde qui ne suivent ni l’AIF ni l’AIM ? Si le nombre d’élèves accueillis dans l’établissement augmente, il est indispensable que les personnels qui les encadrent croissent en parallèle.

L’organisation des voyages

Les enseignants proposant des projets de voyages sont tenus de présenter de manière détaillée le travail qu’ils prévoient pour les élèves et les classes qui ne partent pas, voire la récupération des heures « perdues ». Or, le travail que représente l’organisation d’un voyage scolaire est considérable. C’est aux enseignants que revient la charge de contacter différents organismes dans le but de trouver la formule la moins chère, d’organiser en dehors de leur temps de travail une réunion d’information en direction des parents d’élèves, de collecter les documents légaux et d’initier les démarches administratives nécessaires. Sur place, les professeurs sont présents 24 heures sur 24 auprès des élèves et tenus à des horaires contraignants. Ainsi, la directive de Robien donnant aux conseils d’administration le choix entre deux formules de financement des voyages dont l’une implique que les professeurs participent aux frais, doit être remise en question. En effet, aucune entreprise, y compris dans le privé, n’exige des salariés qu’ils financent eux-mêmes leurs déplacements de travail.

Les options à faible effectif

Les enseignants concernés par les options qui connaissent une réduction horaire n’ont été informés du changement qu’en juillet, au motif que la possibilité de ces réductions horaires en cas d’effectif insuffisant (...) aurait été annoncée au CA. Pourquoi ce manque d’information ? Les besoins horaires des élèves des différents niveaux sont-ils couverts ?

Pour l’avenir ...

(...) Nous considérons que la façon dont le ministère et le rectorat organisent la rentrée, sur fond de compressions budgétaires (heures de DHG manquantes, d’où le non-respect des besoins horaires réglementaires de certains élèves), les rend en partie responsables des difficultés croissantes rencontrées lors des rentrées scolaires.
Les suppressions de postes massives, l’augmentation de fait de notre temps de travail (projet de refonte du décret de 1950, remise en cause des décharges statutaires et des heures de pondération), la tendance globale à vouloir considérer les enseignants comme de simples exécutants, au mépris de leur qualification (sanctionnée par la réussite à un concours de catégorie A), associés à des choix internes non discutés ne peuvent que susciter l’incompréhension, la colère, le découragement, au détriment de notre mission.