Décès de Serge Lassot

Depuis 40 ans il a été une figure incontournable de l’engagement au service de l’école, des élèves et des collègues. Voici le texte qui fut prononcé lors de ses obsèques.
dimanche 24 septembre 2006
par  Snes S2 Val d’Oise

Serge vient de nous quitter.

A Annick son épouse, Katia, Tatiana et Irena, ses filles, ses amis et camarades ici présents sont venus dire leur soutien.

Sa disparition fut brutale et pour beaucoup d’entre nous - c’est peu de le dire - ce fut un choc.

Bien sûr nous savions sa santé fragile depuis déjà quelques années. Mais il était toujours présent auprès de nous, sans une plainte, avec une discrétion sans faille. Nous étions habitués à cette humeur égale qui ne le quittait jamais et savait apaiser. Il était là et il était naturel qu’il en soit ainsi. Nous l’aimions pour tout cela, sans peut-être le lui avoir jamais dit vraiment, sans peut-être nous l’être jamais avoué vraiment. Sa pudeur nous impressionnait autant que son courage et son dévouement. Et voici que soudain sa place est vide. Un vide qu’il nous est encore difficile de décrire.

Pour nous tous, il conjuguait à tous les temps les verbes s’engager et servir. S’engager pour servir les élèves, les collègues, les parents, au SNES, à la FSU et dans les associations dont il fut la cheville ouvrière.

Une vie d’engagement passionné au service d’un idéal : cette école de la République dont il voulait que les enfants réussissent et s’épanouissent, tous, sans distinction. Il avait l’ambition de faire les choses belles, lui pour qui le métier d’enseignant dépassait la simple transmission d’un savoir, lui pour qui il fallait prendre en compte l’environnement de l’élève, ses besoins sociaux et culturels, intellectuels et physiques.

Ambitieux pour les élèves, il l’était aussi pour l’école. La réussite des premiers passait forcément par l’amélioration de la seconde. Il croyait aussi à l’importance de la formation des maîtres, à l’exemplarité de leur investissement. C’est ainsi qu’il a toujours mis un point d’honneur à explorer de nouvelles méthodes, à aider les autres à se former, à maîtriser techniques et technologies nouvelles. Il croyait en la solidarité entre les hommes.

Il était fier de ces élèves qui remportaient prix et médailles, heureux de rencontrer tel ancien devenu enseignant, ingénieur ou cadre sportif. Il était fier de ses filles aussi, auprès desquelles il espérait se retirer bientôt.

Rien d’étonnant dès lors qu’il ait choisi de se dévouer à la cause syndicale. Mieux que quiconque il savait qu’on n’obtient pas sans lutter, surtout lorsqu’il s’agit d’aider les enfants issus des milieux les plus modestes à réussir. Quarante ans de combat, de dévouement et d’abnégation sans faille. Dès son entrée à l’Education Nationale il rejoignit le SNES, fut très vite élu académique et responsable national des MI-SE. Il ne cessa depuis d’exercer des responsabilités : Commissaire Paritaire, Secrétaire départemental du Val d’Oise, puis Trésorier académique. Entre temps il était devenu Adjoint d’Enseignement puis professeur certifié de mathématiques. Tout au long de ces années, il resta toujours Secrétaire de sa section d’établissement et élu au CA, ne concevant pas l’engagement sans cette relation privilégiée au terrain. Il voulait avant tout agir pour qu’on développe l’école publique, qu’on construise collèges et lycées, tout particulièrement dans le Val d’Oise qui en manquait cruellement, qu’on offre aide, information et formation aux enseignants, en particulier les plus jeunes collègues. Il s’investissait avec passion, intervenant auprès des élus, organisant débats publics et manifestations pour obtenir créations de postes et crédits de fonctionnement.

Jamais il ne compta son temps, jamais il ne renonça à l’action. L’an passé encore, bien que déjà retraité il participa activement à l’organisation des élections professionnelles. Militant exemplaire, il a contribué à former beaucoup de jeunes syndicalistes qui n’oublieront pas de si tôt ses encouragements et ses conseils discrets. Les Africains ont coutume de dire que quand un ancien meurt c’est une bibliothèque qui brûle. Le départ de Serge nous prive d’une partie de notre mémoire. Son exemple restera cependant.

Nous essaierons d’en être digne.