L’exécutif régional de l’Ile de France accompagne-t-il la politique du gouvernement ?

vendredi 21 octobre 2005
par  Snes S2 Hauts de Seine

Communiqué de Presse FSU Ile de France

L’exécutif régional de l’Ile de France
accompagne-t-il la politique du gouvernement ?

Les Etats généraux des formations, organisés le 17 octobre par le Conseil Régional, devaient être, d’après le Président Huchon « un moment privilégié d’écoute » et « un puissant levier pour améliorer les politiques dont la région a la responsabilité »
Il ne s’agissait en réalité que d’un moment privilégié de marketing et d’un puissant levier pour accompagner les politiques gouvernementales de démantèlement du service public de formation professionnelle initiale au bénéfice des formations patronales.

Ni écoute, ni échange, mais précipitation pour bénéficier de la manne annoncée par le plan Borloo . L’importance des sommes en jeu (175 millions d’Euros), la pression néolibérale du gouvernement, ont conduit le Président Huchon a clairement faire le choix d’aider à la réalisation des objectifs fixés par le plan de cohésion sociale : « Sans nous, ils n’y arriveront pas » déclare-t-il.

Une table ronde abordait la complémentarité des modes et des voies de formation. Au lieu d’initier un débat sur la place respective de la formation initiale de l’Education Nationale et sur celle de l’apprentissage (dont personne ne nie la pertinence sur un certain public et dans des domaines précis), Jean Paul Huchon a exprimé son empressement à se mettre dans les pas de Jean Louis Boorlo pour développer le tout apprentissage, en portant l’effectif des élèves dans les CFA à 100 000 à l’horizon 2010, à savoir une progression de 8% par an, y compris par le développement du Pré apprentissage.
La FSU Ile de France exprime son étonnement et son désaccord face à la politique régionale qui a été annoncée le 17 octobre.

Le tout apprentissage :

  • accompagne la logique de réduction des dépenses publiques appliquée par la loi Fillon à l’école de la nation en excluant de ses effectifs les élèves en difficulté : Lorsqu’un élève est en situation d’échec dans les apprentissages scolaires, ce ne serait plus au système scolaire d’apporter des réponses, la voie tracée est l’apprentissage.
  • cautionne la casse du service public d’éducation via la concurrence. Le secteur de l’apprentissage sera celui des métiers porteurs et le service public d’éducation, et singulièrement les lycées professionnels, cantonné à la pacification sociale par la multiplication des formations peu coûteuses, mais malheureusement sans véritable débouchés en terme d’emplois. Ce n’est pas de la complémentarité !
  • accroît par la multiplication de l’alternance de stages en entreprise et autres dispositifs d’insertion la déréglementation (y compris en terme de salaires et d’évolution des carrières) et la précarité au sein même du monde du travail, contribue au démantèlement du code du travail.

Nous contestons la pertinence de cette approche ; alors même que depuis 10 ans la région Ile de France a soutenu fortement l’apprentissage, le nombre de jeunes sortant sans qualifications n’a pas diminué. L’apprentissage s’est développé pour les bacs professionnels et surtout pour les BTS et a diminué pour les formations CAP et BEP.

Pour la FSU, c’est d’une tout autre politique basée sur l’ambition pour tous les jeunes, l’élévation des niveaux de qualification par une culture scolaire de haut niveau pour tous, le renforcement des voies technologiques et professionnelles du service public, dont la Région Ile de France a besoin.
Il faut une véritable diversification de la carte des formations. Le Conseil Régional tarde depuis des années à s’attaquer à cette question. Alors que le grand défi d’aujourd’hui est au niveau des lycées, les premières mesures envisagées par le PPI (Plan Prévisionnel d’Investissement) montrent que la région ne semble pas avoir pris conscience du problème.

Convaincue que les jeunes de notre région peuvent contribuer à son développement pourvu que l’on se donne les moyens de les faire acquérir une formation qualifiante de haut niveau, la FSU Ile de France demande au conseil régional et à son Président :
• De ne pas accentuer la politique gouvernementale de tri social des élèves et de démantèlement du service public d’éducation.
• D’abandonner une approche idéologique faisant de l’apprentissage la solution unique à la formation professionnelle des jeunes Franciliens, sans que les résultats ne le prouvent.
• Organise au plus vite une véritable concertation avec l’ensemble des partenaires, dont la FSU, première fédération syndicale dans l’enseignement sur la complémentarité des modes et voies de formations.

Paris, le 20 octobre 2005


Documents joints

FSU ile de France comm de presse 19 oct 2005