Témoignages de TZR et réponses du SNES Versailles

Plus de la moitié des enseignants dans l’académie de Versailles débutent dans la profession en tant que TZR. Placés dans des conditions d’exercice difficiles, subissant de plein fouet les dégradations qui touchent notre métier, la section académique du SNES intervient régulièrement auprès du Rectorat pour défendre leurs intérêts et leurs droits.
dimanche 30 septembre 2007
par  Secteur emploi

Témoignage de T. (TZR dans le 92)

« Depuis vendredi, je suis harcelée de coups de téléphone par le principal d’un établissement pour que j’effectue un “remplacement à l’année bien que la rentrée soit passée” (ce sont ses termes). Il est d’autant plus exigeant qu’il est chef d’un établissement apparemment très favorisé où la pression des parents est énorme. Je n’ai toutefois pas céder à sa pression. Or il faut savoir que je n’ai jamais été contacté par le rectorat depuis vendredi et que je n’ai jamais reçu un quelconque arrêté dans mon RAD (la secrétaire m’aurait avertie par téléphone). Pourtant hier sur i-prof j’ai vu que le rectorat m’a affectée à l’année dans l’établissement en question et a anti-daté l’installation à la date du 1er septembre alors que j’étais sans poste toute la semaine. Que faire ? Accepter le fait accompli ? »

C’est le Rectorat, votre employeur, qui procède à votre affectation. Les coups de téléphone de C/E et même de la DAE (division d’affectation des enseignants) n’ont pas la valeur d’ordre de mission. En revanche, dès que vous avez une notification officielle de votre affectation (fax, mail, affichage sur I-prof...), ne pas se rendre à la date prévue pour le remplacement dans l’établissement peut vous placer en situation de faute professionnelle. Nous n’avons pas le droit de refuser une affectation. Il est toujours possible, si les conditions d’exercice sont difficiles, de demander une révision d’affectation. Pour la prise en charge des élèves, nous recommandons de faire valoir un délai de 48 h, le temps de récupérer les manuels, de prendre connaissance des niveaux et des progressions...

Vous devez être très vigilant(e) sur les dates portées sur les PVI et les arrêtés de remplacement en début d’année. Ils sont systématiquement anti-datés à la date du 1er septembre. Or toute nomination, après la rentrée scolaire, en dehors de son établissement de rattachement administratif, pour un remplacement donne droit aux ISSR (indemnités de remplacement). En cas d’erreur sur la résidence administrative ou la date d’affectation, portez sur les PVI et les arrêtés les corrections au stylo rouge. Si vous êtes confronté(e) à des difficultés pour le versement des ISSR, contactez la section académique.

Témoignage de Peggy TZR 92

« Je suis TZR en affectée dans mon établissement de rattachement administratif et sans poste pour le moment. La principale du collège souhaite nous occuper moi et ma collègue TZR en espagnol dans le cadre des « activités pédagogique » que doit le TZR s’il n’est pas en remplacement. Elle m’a d’abord fait un emploi du temps, mais en y stipulant uniquement les horaires et les jours de présence sans détailler ce que je dois faire durant ces heures ce qui m’a fait tiquer.
Je lui ai proposé aussitôt d’organiser du soutien dans ma discipline après les cours pour des groupes d’élèves en difficulté. Elle a refusé tout net : elle veut que je reste en salle des professeurs ou au CDI et quand des élèves auraient une permanence, ce serait à moi de les prendre en charge dans une classe à l’étage pour faire soit de la « méthodologie », soit des exercices. Est-ce légal de prendre une classe entière au pied levé ? J’ai l’impression d’être une bouche-trou ou une garde-élèves utile pour ne pas que la salle de permanence soit trop pleine. Il est très difficile de discuter avec ma principale car elle se intraitable et prétexte de la légalité de ce qu’elle fait (sans me montrer les textes). »

Les TZR en rattachement administratif, sans affectation, sont les plus exposés aux pressions de l’Administration pour leur faire réaliser des tâches sans rapport avec leur qualification ou leur statut : remplacement en interne au pied levé dans le cas présent. Comme il s’agit d’un remplacement, le C/E doit obtenir un ordre de mission de la DAE. Dans le cas contraire, la prise en charge d’une classe sans professeur relève de la vie scolaire.

Les TZR peuvent se voir confier des activités de nature pédagogique afin de les occuper. Elles sont forcément en lien avec leur discipline, ne doivent pas dépasser en volume horaire leur ORS (Obligation Réglementaire de service) et donner lieu à un emploi du temps (créneaux horaires d’intervention définis sur la semaine). Ces tâches occupationnelles n’ont pas grand sens en période de rentrée : les TZR sont susceptibles d’être appelés à tout moment et les besoins des élèves n’ont pas encore été déterminés par les équipes pédagogiques.

Si les discussions sont très difficiles avec votre C/E, nous vous conseillons de vous faire accompagner par un collègue. Les militants de la section académique sont aussi à votre disposition pour vous aider.

Témoignage de M. (78) :

Je suis professeur néo-titulaire de Lettres modernes et TZR. J’ai appris par un coup de téléphone de l’administration du Lycée à L. mon affectation à l’année dans ce même lycée professionnel avec un complément dans un autre lycée professionnel à M. On m’a annoncé que j’aurai 7 h en Lettres modernes et 2 en Histoire-géographie à L. Ma situation est encore pire à M. : là-bas je vais devoir prendre en charge en Histoire-géographie une classe de Terminal bac pro et une classe de BEP en maintenance industrielle ! Je n’ai toujours pas reçu
d’arrêté d’affectation de la part du rectorat mais sur la demande de mon chef d’établissement, j’ai pris en charge durant une journée. Je me sens complètement incapable de prendre en charge des élèves en lycée professionnel et encore moins hors de ma discipline, surtout dans des
classes à bac. »

Depuis la rentrée 2006-2007, le Recteur de Versailles a décidé de nommer des certifiés et des agrégés de Lettres modernes et d’Histoire/géographie, disciplines dites excédentaires, en Lycée professionnel au mépris de leur qualification, de leur formation et de leur concours de recrutement. Ce coup de force est motivé par des raisons budgétaires (refus de recruter des contractuels en début d’année pour pourvoir les chaires de lycée professionnel vacantes à cause des sous-recrutements aux concours PLP) et idéologiques (ces affectations s’inscrivent dans une conception selon laquelle un corps unique serait suffisant pour enseigner dans tous les établissement du secondaire.)

Le Recteur a utilisé les latitudes offertes par le décret de 99 sur le remplacement : celui-ci dispose que les TZR ont vocation à enseigner dans tous les établissements du second degré. Il n’est pas possible donc de refuser une affectation de ce genre sauf à se mettre en situation de faute professionnelle. En revanche, nous vous invitons à formuler une demande de révision d’affectation en adressant copie au SNES Versailles. Non seulement les certifiés et les agrégés n’ont pas été recrutés et formés pour enseigner en LP mais les nominations en LP l’an dernier se sont traduites par des difficultés à couvrir les besoins de suppléance en lycée et collège pour l’Administration à compter de la fin du premier trimestre.

Grâce à la mobilisation des personnels et à l’action du SNES, le décret de Robien qui instituait en particulier le recours à la bivalence pour les TZR a été abrogé : le service d’un enseignant, en poste fixe ou sur ZR, doit correspondre à sa discipline de recrutement. Le SNES Versailles est intervenu en début d’année pour s’assurer que ce cadre réglementaire n’était pas remis en cause par le Rectorat. En cas de pression de C/E pour enseigner dans une autre discipline, contactez le SNES Versailles pour qu’il intervienne : il s’agit tout autant d’une question de respect de statut que de droit des élèves à avoir un enseignant formé dans la discipline.