Compte rendu du stage SNES Versailles : « Notre conception du métier de CPE ».

dimanche 4 février 2007
par  Secteur CPE

Jeudi 25 janvier, une trentaine de collègues étaient présents pour participer à ce stage syndical organisé dans les nouveaux locaux du SNES Versailles à Arcueil.
La matinée fut l’occasion d’échanges et de débats d’une grande qualité entre les participants autour du thème principal : la conception du métier de CPE.
Ainsi, après un accueil jugé fort convivial et la présentation de la journée, le stage s’est ouvert par l’étude du texte de l’Inspection générale (I.G.) « le métier de CPE aujourd’hui : quelques repères  » (cf. pièce jointe) - utilisé comme référentiel d’évaluation par les IPR dans certaines académies - qui a essuyé de nombreuses critiques de fond témoignant d’un contenu dans lequel les collègues n’y ont pas retrouvé les fondements et la philosophie de leur métier (cf. pièce jointe les commentaires du SNES).
Les stagiaires ont contesté avec force les préconisations inscrites dans le document de l’I.G. :

  • refus unanime du positionnement institutionnel du CPE, rapprochement insidieux de l’équipe de direction, qui dénature le métier en l’éloignant, de fait, de la relation centrée sur l’élève,
  • sous prétexte de répondre aux préoccupations des CPE, il a été pointé avec ironie l’usage d’un habillage flatteur, (introduction habile axée sur les problèmes de société englobant l’aspect complexe du métier et sa nécessaire lisibilité, « responsable essentiel », « cadre de la vie scolaire », « conseiller technique », « domaine d’expertise, « un des professionnels les mieux placés », « occupe une place prépondérante » ...) et d’un verbiage hypnotique, assignant au CPE la place de pilote de l’établissement (« garant du diagnostic, des objectifs, des actions ...et de l’évaluation », « le CPE veille », « le CPE promeut », « le CPE place le droit à l’éducation »,..), avec ironie un collègue a déclaré qu’après l’annonce de la mort des Dieux, on retrouve le CPE omnipotent, garant de tous les principes
  • dans le même temps contredit par le rappel récurrent à une soumission à l’autorité hiérarchique, (« en lien étroit avec le chef d’établissement (CE) », « exacte mesure de l’éthique de sa fonction ... à l’égard du CE », « sous la responsabilité du CE », « sous l’autorité du CE » et concluant par cette périphrase à déguster lentement : « les principes éthiques et les qualités déontologiques du CPE (transparence, discrétion, loyauté, etc...) s’avèrent ici tout à fait décisives »
  • rejet de la conception managériale, développée dans la texte (« pilotage du service vie scolaire », « tableau de bord », « indicateurs lisibles et opératoires », « prise en compte des finalités d’un projet de vie scolaire »...) adossée au mot polysémique « responsable ». Le CPE visera désormais des objectifs « quantifiables » tout en assurant la « paix sociale »,
  • Les stagiaires ont relevé l’incohérence entre les préconisations de l’I.G., concernant la fonction du CPE d’une part et d’autre part les velléités de pousser le corps vers la sphère administrative auxquelles s’ajoute la réduction massive du nombre de postes au concours externe.
  • Ils ont également exprimé leur crainte de voir coupés les ponts entre la vie scolaire et les professeurs (la vie de la classe) qui finiront par identifier le CPE à l’œil de l’Administration braqué sur la salle des profs. Une curieuse entrée en pédagogie nouvelle tendance ! Les CPE préfèrent développer une intelligence de leur mission faite de relationnel et de confiance avec les enseignants et les chefs d’établissement pour ne pas tomber dans la bipolarité souhaitée ou attendue par l’institution ; enseignants versus administration. Les passages de frontière peuvent être désastreux pour l’identité professionnelle du CPE mais surtout pour l’accomplissement de ses missions éducatives

Ensuite, la réflexion s’est orientée vers le texte porté par le SNES « Pour le métier de CPE » (cf. pièce jointe) qui formalise selon trois axes sa conception du métier, fruit d’un travail collectif interne. Ce dernier a reçu un accueil particulièrement favorable et enthousiaste des collègues présents dans la mesure où il définit, en positif et sous la forme de proposition, une conception du métier de CPE.
Petit aperçu du débat participatif :

  • les collègues ont apprécié le fait que le texte n’a pas dressé un inventaire des activités du CPE. Tout en se référant à la circulaire de 82 dans ses principes, il fut perçu comme offrant une conception plus complète et riche des missions du CPE, mettant l’accent sur la diversité et la complexité dans l’exercice de la fonction (citoyenneté, animation...),
  • consensus pour réaffirmer que, dans le cadre de son action, le CPE doit rester concepteur de son métier et des choix éducatifs qui en découlent,
  • insistance sur l’apport du CPE au fonctionnement du service public d’éducation, tout en soulignant la nécessité d’augmenter les dotations en postes afin que chaque CPE puisse suivre correctement les élèves aux plans individuel et collectif,
  • accord pour rejeter toute conception quantitative de l’action du CPE fondée sur une culture administrative du résultat (cf. indicateurs de la LOLF),
  • revendication forte concernant une perspective de carrière sous la forme d’une agrégation,
  • un texte intéressant stratégiquement dans la mesure où l’on pourrait insister sur le fait que la fonction de CPE, exception française, pourrait être étendue à d’autres systèmes éducatifs en Europe au lieu de tenter de l’effacer. Dans son intervention devant les stagiaires, Guy Bourgeois élu national pour la catégorie, après avoir conté la genèse du texte - fruit d’un échange inter académique lors des collectifs nationaux et issu d’observations sur le terrain et de pratiques de CPE - a expliqué que la fonction de CPE contribue à la réalisation de l’ambition que s’est assignée l’Ecole en France et qui est celle d’amener un maximum de jeunes vers une qualification. Ce n’est pas l’objectif dans tout les pays de l’Union européenne. La fonction de CPE empêcherait-elle la réalisation de la loi Fillon en entravant le déroulement de la politique de tri social ?

L’après-midi fut d’abord consacré à l’actualité notamment de la catégorie CPE avec la présence de Guy Bourgeois, responsable national.
Dans son intervention, il a évoqué, en premier lieu, le contexte de restrictions budgétaires dans l’Éducation nationale marquée par : la mise en place de la loi Fillon avec sa logique de tri social contenue dans le rapport Thélot, la continuité des suppressions massives de postes et des baisses historiques de recrutements ainsi que l’actuelle tentative de dilution des missions des enseignants en augmentant leur temps de présence.
Puis, en second lieu, il a opéré un retour sur la chronologie des événements concernant le cahier des charges IUFM (réintroduction des CPE mais toujours pas de contenu et de modalités de la formation), pour enchaîner par un résumé de l’audience à l’I.G., visiblement ouverte à une perspective de carrière pour les CPE sous la forme d’une agrégation dont les contours et le contenu restent à définir ; au passage, le doyen a dégagé le responsabilité de l’Inspection s’agissant du texte paru dans la revue de l’I.G. de l’ex-nouveau président du concours, M. Obin. (cf. pièce jointe)
Autant de thèmes qui ont nourri de larges échanges et suscité de nombreuses interventions des collègues.
Le stage s’est poursuivi par un débat sur la note de vie scolaire (cf. pièce jointe) rappelant, d’une part, le passage en force législatif malgré le rejet par la majorité des organisations syndicales et des fédérations de parents lors de sa présentation au Conseil Supérieur de l’Éducation et, d’autre part, sa contestation sur plusieurs aspects quant à son principe, son efficacité et sa mise en oeuvre.
La journée s’est conclue par des discussions sur différents sujets :

  • l’arrivée de SCONET caractérisée par les dysfonctionnements techniques (actuels et à venir lors de la fin programmée de GEP) et les enjeux éducatifs et éthiques concernant la logique de surveillance des élèves et de contrôle des personnels (dans le contexte de notation au mérite) rendue possible grâce au progrès technologique,
  • la baisse quantitative des « personnels de surveillance » dont les statuts sont de plus en plus précaires ; incidence sur la charge de travail des CPE contraints de participer au recrutement, de jongler avec le remplacement des assistants d’éducation, de gérer une équipe hétérogène à laquelle il faudrait insuffler un esprit pour combattre l’absentéisme, anéantir les incivilités et contenir la violence,
  • remplacement local générateur de déqualification des métiers d’enseignant (assistant pédagogique) et de CPE (assistant d’éducation).
  • Sortir des représentations, potentiellement conflictuelles, entre les métiers d’enseignants et de CPE et être nécessairement solidaire pour faire face collectivement aux attaques contre le service public d’éducation.

En conclusion, une initiative syndicale qui répond aux besoins des collègues souvent isolés voire fatigués par le rythme quotidien imposé par les conditions de travail mais prêts à opérer un pas de côté pour prendre de la distance et s’emparer d’un thème porteur en terme de réflexion et de proposition sur les enjeux et les perspectives liés à un métier et une identité professionnelle spécifiques.


Documents joints

le texte de l'Inspection générale
le texte du SNES « Pour le métier de CPE »
le texte de M. Obin
Note de vie scolaire : questions-réponses du SNES
le texte de l'IG commenté par le SNES

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