HOCHE AU SECOURS DES ZEP ?

samedi 9 septembre 2006
par  Snes S2 Yvelines

HOCHE AU SECOURS DES ZEP ?

Le ministre vient en visite à Hoche lundi 4 septembre, couronnant ainsi une opération soigneusement orchestrée par le rectorat de Versailles.

Dès la mi-juin M.Roesch a annoncé à la commission permanente qu’il avait été contacté par le rectorat pour accueillir en Seconde dans le cadre de la politique ministérielle dite « Ambition Réussite » 3 élèves particulièrement « méritants »du collège A .Chénier de Mantes-la Jolie, l’hébergement de ces élèves devant se faire à l’internat du lycée.

Lors de la séance du 26 juin du Conseil d’Administration, un débat approfondi a eu lieu à ce sujet, et dans le vote qui a suivi le CA a décidé par 9 voix contre, 6 pour et 3 abstentions de rejeter l’initiative.

Quelques jours plus tard, M.Roesch nous a informé que le rectorat , passant outre à l’avis du CA, maintenait l’opération.

Début juillet, nos collègues du SNES siégeant au Comité Technique Paritaire Académique ont dénoncé ce passage en force auprès du recteur qui a minimisé l’importance de l’opération en en soulignant, selon lui, l’aspect limité et expérimental.

Vendredi 1er septembre, lors de la pré-rentrée, M.Roesch annonce la visite du ministre : l’opération n’est donc pas aussi marginale et limitée qu’annoncée !

Loin de nous l’idée de refuser l’ouverture du lycée Hoche à des élèves venant de secteurs plus défavorisés scolairement et socialement. Au contraire, il nous semble nécessaire de réfléchir à l’élargissement de notre recrutement, en particulier à l’origine du contingent de 70 élèves environ recrutés hors-secteur et accueillis en seconde.

On ne peut cependant qu’émettre de sérieuses réserves sur les conditions de l’opération en cours et souligner les risques pour les élèves concernés :

  • éloignement du milieu familial pour de jeunes adolescents.
  • écart d’âge important avec les 230 internes des classes préparatoires.
  • forte pression due à la médiatisation, à l’obligation de réussite
  • difficulté psychologique à n’être sans doute que des élèves normaux après avoir été des « têtes de classe ».
  • incertitude en ce qui concerne le suivi et l’encadrement de ces élèves après les cours.
  • difficulté, voire impossibilité pour des mineurs en internat à participer à des activités culturelles ou sportives.
  • difficulté à être perçus par la communauté scolaire comme des élèves différents.

Mais on doit aussi dénoncer la politique qui sous-tend une telle opération :

  • politique faite de coups médiatiques à peu de frais ( les dépenses d’internat étant prises en charge par un institut privé !)
  • politique injuste faite d’apparence et de faux-semblants qui prétend faire du social avec 2 élèves en oubliant les centaines d’autres des collèges ZEP du département.
  • politique dangereuse car en procédant ainsi on creuse encore le fossé déjà trop grand entre les secteurs favorisés et les secteurs en difficulté.

Retirer les bons élèves des collèges dits « difficiles » ne fera qu’accroître la ghettoïsation de ces établissements.

C’est pour toutes ces raisons que le CA a émis un vote négatif le 26 juin dernier, et l’autonomie de l’établissement est mise à mal par le refus du recteur de prendre en compte le résultat de ce vote.

Ce n’est pas une bonne nouvelle pour les collègues qui donnent de leur temps et de leur énergie pour participer à la vie de leur établissement et qui croient encore aux vertus de l’argumentation et du débat démocratique.

Jean-Marc Papin Représentant des professeurs au CA

Secrétaire de la section SNES-HOCHE