Le collège Marcel Pagnol de Saint-Ouen l’Aumône en lutte pour les fonds sociaux

dimanche 20 novembre 2005
par  Snes S2 Val d’Oise

Collège Marcel Pagnol de Saint-Ouen l’Aumône (95) : une centaine d’élèves menacés de ne plus manger à la cantine à cause de l’absence de fonds sociaux.

Depuis le mois d’avril dernier le collège Marcel Pagnol a épuisé ses fonds sociaux. Depuis lors, pour que les 103 élèves qui bénéficient de l’aide de l’établissement pour payer la cantine puissent continuer à être pris en charge le midi, on a puisé dans les fonds de réserve environ 4000 €. Aujourd’hui il n’est plus possible de continuer. Les services rectoraux ont averti qu’il n’y avait plus d’argent pour les fonds sociaux. Il a fallu prévenir les familles qu’il faudrait régler les repas du trimestre en intégralité. Si le paiement n’a pas eu lieu d’ici lundi, les enfants ne seront plus acceptés à la cantine. Déjà certains, incapables de faire face aux frais que cela représente, ont désinscrit leurs enfants. Les plus touchés sont les élèves de SEGPA ou de Français Langue Etrangère qui viennent souvent de loin et ne peuvent rentrer chez eux à midi. On ne peut pas les accueillir pendant la demi-pension : pas de personnel pour les encadrer, ni de locaux où ils puissent s’installer pour manger quelque chose. De toute façon ce serait contraire aux règlements en matière d’hygiène et de sécurité. On craint donc que les élèves concernés ne se retrouvent à la rue, dans le froid et la pluie et le ventre vide. Ce n’est pas tolérable !

Ci-dessous le texte de la lettre adressée par les collègues au Ministre de l’Education Nationale :

Saint-Ouen l’Aumône, le 17 Novembre 2005.

Monsieur le Ministre,

Nous, personnels du collège Marcel Pagnol de Saint-Ouen l’Aumône, tenons à vous faire part de notre profonde inquiétude et de notre mécontentement.
En effet, nous venons d’apprendre que notre collège ne bénéficiera plus des fonds sociaux qui lui étaient versés par vos services depuis des années.
Or, dans notre collège, classé ZEP, ces fonds étaient, dans leur quasi-totalité, utilisés à l’aide au financement des frais de demi-pension pour les familles les plus défavorisées. Il n’existe du reste aucune autre source de financement de ces aides au sein des collèges du Val d’Oise.
Cette aide concernait 103 élèves cette année.
Depuis avril 2005, le collège comptant sur ces fonds sociaux, a puisé dans ses fonds de réserve pour un montant d’à peu près 4000 €. Début novembre 2005, n’ayant toujours rien perçu, le collège a contacté vos services qui l’ont informé que ces fonds étaient supprimés.
Un courrier a dû être envoyé aux parents pour leur demander de régler les frais de demi-pension du premier trimestre 2005/2006, alors que ces familles, s’attendant à bénéficier de cette aide, avaient déjà inscrit leurs enfants à la cantine. Suite à ce courrier, 66 parents s’efforcent de payer par petits versements, 17 familles n’ont toujours pas donné suite : leurs enfants seront donc exclus de la demi-pension à partir de lundi 21 novembre, 13 élèves ont d’ores et déjà été désinscrits de la cantine, 5 se sont approchés des services sociaux locaux qui connaissent eux-mêmes des difficultés ;
Dans notre établissement, la moitié des élèves prennent un bus scolaire, certains relevant de SEGPA et de FLE sont des élèves scolarisés en dehors de leur secteur. Le temps de restauration d’une heure ne leur permet pas de se rendre à leur domicile. Par ailleurs, les enfants des cités avoisinantes ne peuvent pas toujours être accueillis par leur famille à l’heure du déjeuner. Or, la loi ne permet pas l’accueil des élèves externes pendant l’heure du déjeuner et les règles d’hygiène interdisent l’entrée de denrées alimentaires au sein du collège.

Nous nous interrogeons donc sur donc sur certains points :
Que vont devenir ces élèves exclus de la demi-pension du fait de leur situation sociale ?
Où pourraient-ils se réfugier pendant l’heure du déjeuner, en particulier en hiver dans une période de trêve durant laquelle même les expulsions de logement sont suspendues ?"
Combien de parents pourront encore supporter longtemps cette charge financière supplémentaire ?
Cette situation ne risque-t-elle pas d’aggraver l’absentéisme, la démotivation et le sentiment d’exclusion des élèves ?
Quel discours cohérent pouvons-nous tenir face à ces élèves lors des cours d’éducation à l’alimentation, alors même que la lutte contre la malnutrition a été déclarée cause nationale ?
En cette période de volonté de pacification et d’intégration des populations défavorisées, les conséquences de cette mesure sont-elles vraiment conformes avec les déclarations récentes du gouvernement ?
Si notre ville a, jusqu’à présent, été épargnée par d’importantes flambées de violence, c’est sans doute en partie grâce à la mobilisation des acteurs éducatifs, culturels et sociaux de la commune.
Nous vous demandons donc le rétablissement dans l’urgence, avec effet rétroactif, de ces fonds sociaux, ainsi que l’engagement ferme de les pérenniser.

En comptant sur votre compréhension de l’urgence des faits que nous vous soumettons et dans l’attente d’une réponse rapide et positive de votre part, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’assurance de notre respect républicain et citoyen.

L’ensemble des personnels du collège Marcel Pagnol