Remplacements : lettre aux parents Lycée Paul Lapie Courbevoie

vendredi 30 septembre 2005
par  Snes S2 Hauts de Seine

EXIGEONS ENSEMBLE
de vraies solutions
pour les remplacements

Professeurs au lycée Paul Lapie, il peut nous arriver, pour un problème de santé ou un stage de formation continue, d’être absents pour un ou deux jours. Il suffit de consulter régulièrement le tableau des absences pour constater que celles-ci sont rares. Elles ne sont pas non plus très gênantes pour les élèves, dans la mesure où la salle libérée par l’absence peut leur être prêtée pour qu’il puissent faire les lectures et travaux laissés par le professeur absent.

Pour des absences d’une ou deux semaines, toutefois, l’intervention d’un remplaçant est souhaitable. Malheureusement, le ministère a réduit le nombre des remplaçants pour économiser de l’argent, ce qui est un vrai problème (ainsi certaines absences de plus d’un mois n’ont pas été remplacées l’année passée). Pour le contourner, il décide maintenant de faire remplacer les professeurs absents moins de deux semaines par leurs collègues d’autres classes ou d’autres disciplines, moyennant un préavis de 24 heures, ce qui rend impossible l’organisation de leur travail, de leur vie privée et familiale.

Pour les élèves, plutôt que de travailler en autonomie pendant les quelques heures d’absence d’un de leurs professeurs à l’avancement du chapitre en cours, ils devront suivre des cours supplémentaires dans une autre matière ou recevoir un enseignement d’un professeur qu’ils ne connaissent pas, qui ne connaît pas nécessairement le programme, ne dispose pas forcément du manuel en usage, n’utilise peut-être pas les mêmes méthodes que son collègue et ne connaît pas les élèves. Leur emploi du temps devra sûrement être aménagé pour être rendu compatible avec celui du ou des professeurs remplaçants puisque, si le professeur absent enseigne plus de cinq heures dans une même classe, il devra être remplacé par deux au moins de ses collègues. Enfin, les professeurs assurant un remplacement lourd seront contraints de différer le rendu des devoirs de leurs propres élèves. Il est permis de s’interroger sur ce que les élèves gagneront à cette initiative saugrenue.

Ce qui est présenté comme une solution n’en est pas une. Pour s’en convaincre, un exemple suffira. Prenons le cas de la philosophie enseignée au lycée dans les classes de terminales par quatre enseignants (un stagiaire, deux agrégés effectuant chacun depuis le début de l’année trois heures supplémentaires par semaine et un certifié, deux heures supplémentaires). En cas d’absence pour congé maladie de quinze jours par le professeur certifié, c’est dix-neuf heures hebdomadaires qu’il faut remplacer. Or les deux collègues de philosophie ne pourront légalement assurer que deux heures en plus, chacun, puisqu’ils ont déjà trois heures supplémentaires (le nombre total d’heures supplémentaires étant fixé à 5 heures par semaine). Le stagiaire n’a pas droit d’effectuer d’heure supplémentaire en raison de ses stages. Ainsi seules 4 heures sur 19 seront remplacées (21%) en philosophie, ce qui ne correspond même pas à un horaire complet en terminale L. Certes, on pourra éventuellement trouver des heures de remplacement en anglais, en mathématiques : mais où est la continuité pédagogique et celle du service public ? Si au bout de quinze jours, le professeur voit son congé maladie prolonger de quinze jours supplémentaires par son médecin, le même système de remplacement sera à l’œuvre. Effectuer des remplacements dans d’autres disciplines ne permettra pas aux élèves de rattraper leur retard cumulé en philosophie pour le baccalauréat. On peut penser que les élèves qui s’en sortiront le mieux seront ceux qui bénéficieront de cours supplémentaires en philosophie payés par les familles …

Pour les professeurs, cette décision, prise autoritairement contre l’avis des organisations syndicales, est une sérieuse dégradation de leurs conditions de travail : ils pourront voir leur temps de travail majoré contre leur volonté d’un tiers sur une semaine, 11% sur une année, alors que le ministère reconnaît que le temps de travail effectif moyen est déjà de 39 heures à 41 heures par semaine selon les grades. D’autre part, les remplacements vont poser d’énormes problèmes d’emploi du temps et considérablement augmenter le temps de présence dans des lycées fort mal équipés pour le travail personnel des professeurs. L’organisation de la semaine de chacun, élèves et professeurs, pourra être bouleversée au pied levé. Enfin, les absences des uns dégradant le travail des autres, chacun hésitera désormais à participer à des actions de formation continue, à organiser des voyages pour les élèves ce qui est grave. Ce dispositif a aussi pour inconvénient de détruire les formes de solidarité des équipes pédagogiques nécessaires au bon fonctionnement des établissements. Pour l’administration, en sous-effectif, la gestion des emplois du temps, déjà délicate, va devenir une tâche infernale.

Quand on fait une erreur, le mieux est de la corriger avant qu’il ne soit trop tard. Aussi demandons-nous au ministre d’avoir la sagesse d’annuler le décret relatif aux remplacements de courte durée et de mettre en place des solutions adéquates :

- Un nombre suffisant, c’est-à-dire nettement plus élevé qu’aujourd’hui, de professeurs remplaçants pour les congés suffisamment longs en passant dans toutes les disciplines, de 3,5% à 7% au minimum comme dans le premier degré.

  • Des surveillants et des documentalistes pour que les élèves puissent travailler en autonomie lorsqu’une absence d’un ou deux jours entraîne quelques heures de vide dans l’emploi du temps.

Ces conditions étaient réunies autrefois dans les lycées. Pourquoi ne pourraient-elles plus l’être, alors que le niveau de vie n’a cessé d’augmenter en France ?

Les professeurs du Lycée Paul à Courbevoie


Documents joints

lettre aux parents Paul Lapie