Collège Danton, Levallois

mardi 18 mars 2008

Les enseignants du collège Danton de Levallois ont été informés en conseil d’administration d’une « proposition » de Mme Balkany, adjointe à la mairie de Levallois en charge des affaires scolaires et de la communication et vice présidente du Conseil général des Hauts-de-Seine : afin de développer la pratique de l’anglais au collège, des enseignants volontaires seraient incités à enseigner leur discipline en anglais.
Parents et enseignants s’opposent à ces projets imposés.

Les élus des personnels d’enseignement et d’éducation
au Conseil d’Administration du collège Danton de Levallois-Perret.
La section SNES-FSU du collège Danton.

Lundi 17 mars 2008

A monsieur l’Inspecteur d’Académie,

Objet : Demande de retrait du projet d’expérimentation de l’enseignement en anglais d’autres matières, notamment en EPS.

Monsieur l’Inspecteur d’Académie,

Lors du Conseil d’Administration qui s’est tenu le 22 novembre 2007 au collège Danton, madame Balkany, vice présidente du Conseil Général des Hauts de Seine et première adjointe à la mairie de Levallois-Perret, a annoncé, de façon unilatérale, la mise en place de différents dispositifs, dès la rentrée prochaine. (UPI de type 1, CHAM, expérimentation en anglais)
A l’occasion d’une réunion publique à l’Hôtel de ville de Levallois-Perret, le 4 décembre 2007, elle a renouvelé ce discours devant plusieurs centaines de parents d’élèves.

A aucun moment, il n’y a eu de concertation avec les équipes pédagogiques ni avec les fédérations de parents d’élèves, sur ces différents projets pédagogiques comme sur le découpage de la nouvelle carte scolaire.

De même, madame Balkany n’a jamais précisé que ces mesures devaient faire l’objet d’un accord des Conseils d’Administration des établissements concernés et les a présentées comme établies.
Le magazine d’information de la ville, paru au début du mois de janvier 2008, affirmait, d’ailleurs, leur mise en œuvre dès la prochaine rentrée et se félicitait de « l’excellente collaboration » du Conseil Général avec les équipes pédagogiques, qui, en réalité, n’en avaient pas même été informées.

Nous désavouons, solennellement, auprès de vous, la méthode employée par madame Balkany qui ne respecte pas les termes du débat démocratique.
En passant outre les attributions du Conseil d’Administration, en instrumentalisant l’Education Nationale à des fins de politique locale, cette méthode porte gravement préjudice aux valeurs de l’Ecole républicaine et des principes qui gouvernent ses institutions, et va à l’encontre de l’œuvre de formation citoyenne que nous accomplissons auprès de nos élèves.

A l’inverse, nous avons, pour notre part, fait vivre ces institutions, en participant, activement et positivement, aux réunions d’information organisées, avec notre accord, par madame la Principale, à propos de l’UPI et de la CHAM et en organisant, avec transparence, une consultation de l’ensemble de l’équipe pédagogique de notre collège.
Nous avons suivi l’opinion majoritaire qui s’est déterminée favorablement pour la CHAM et l’UPI, et nous avons adopté ces deux dispositifs en Conseil d’Administration, le 28 janvier 2008.

En revanche, l’ensemble des collègues ont rejeté massivement l’expérimentation en anglais (69.7%) tandis que les deux fédérations de parents d’élèves (P.E.E.P et F.C.PE.), que nous avons rencontrées longuement à plusieurs reprises, l’ont unanimement refusée.
L’insuffisance de la qualification en anglais de professeurs non spécialisés qui risque de porter préjudice à un bon apprentissage de la langue, la mise en place d’une polyvalence des enseignants, mais surtout la « double peine » subie par les élèves en difficulté en anglais et l’absence d’objectifs pédagogiques clairs, ont décidé de cette position commune.

Malgré cela, deux réunions ont rassemblé, successivement, les professeurs d’EPS, puis d’anglais, sous la direction de madame l’I.P.R. d’anglais. Lors de cette rencontre, une formation à Londres, assurée par un institut privé et financée par la ville de Levallois-Perret a été proposée aux professeurs d’EPS.

C’est en nous appuyant sur cet accord avec les deux fédérations de parents d’élèves que nous avons demandé en commission permanente, le 26 février 2008, qu’un vote sur cette expérimentation soit porté à l’ordre du jour du Conseil d’Administration du 13 mars suivant. Cette demande a été réitérée auprès de madame la Principale, le lundi 10 et le mardi 11 mars.
Cette dernière a refusé d’amender l’ordre du jour et nous avons été contraints de demander en début de séance du Conseil d’Administration un vote sur un nouvel ordre du jour, comme la loi nous y autorise. Néanmoins, madame la Principale a poursuivi dans son refus et elle a prétendu que l’expérimentation ne pouvait faire l’objet d’un vote.
Pourtant, nous avons rappelé le décret n° 85-924 du 30 août 1985, portant sur les attributions du Conseil d’Administration dans l’organisation pédagogique de l’établissement et avons fait valoir l’article L 216-1 du Code de l’Education, qui précise la nécessité d’un accord du Conseil d’Administration pour toute expérimentation. De même, nous avons dû préciser que le Conseil d’Administration était maître de son ordre du jour et que l’un de ses membres avait la possibilité légale d’en demander la révision, par vote en début de séance.
La séance a été suspendue à deux reprises par madame la Principale. Le débat a été impossible. C’est en raison d’un malaise de madame la Principale, qui s’était retirée dans son bureau, que le Conseil d’Administration a été clos et sa séance reportée au 26 mars prochain.

Nous condamnons la violation de la loi pendant cette séance et nous ne pouvons tolérer les manquements à la légalité concernant le fonctionnement du Conseil d’Administration. Nous ne souhaitons plus revivre une telle situation.

Pour toutes ces raisons, la communauté éducative du collège Danton vous demande le retrait de ce projet d’expérimentation de l’enseignement de l’anglais dans une autre discipline, à la rentrée 2008.

Nous profitons de ce courrier pour vous dire notre opposition au taux incompressible d’H.S.A. exigé dans la répartition de la D.H.G et vous signifier l’inquiétude extrême qu’il fait naître. En réduisant le nombre de postes et en fragilisant ceux qui restent, cette mesure a pour conséquence directe la dégradation des conditions d’enseignement des élèves par l’alourdissement des classes et des services de chaque professeur. Elle réduit l’offre éducative et contredit ce principe qui fait de l’Ecole, une chance pour tous.

Nous considérons également que les conclusions du rapport Pochard constituent une véritable provocation pour notre métier, qui est celui du don libre et gratuit de la connaissance et de la culture. Nous dénonçons la dénaturation de l’Education Nationale et la mise en place, pour les élèves, d’une inégalité dans l’accès à tous les savoirs.

Nous vous prions d’agréer, monsieur l’Inspecteur d’Académie, l’expression de notre considération respectueuse.

Les élus des personnels d’enseignement et d’éducation au Conseil d’Administration.
La section SNES-FSU du collège Danton.