Suppressions d’emplois AED : le Rectorat bricole et le Ministre exploite la précarité

mardi 2 juillet 2013
par  Snes S3 MRP

Suite au rassemblement intersyndical contre les suppressions d’emplois AED (189 dans l’académie), impulsé par le SNES, le Rectorat, en la personne du Secrétaire général, a reçu une délégation.

 Des suppressions inacceptables, en opposition avec les déclarations de faire de l’Education, de l’emploi et de la jeunesse une priorité

Lors de l’audience, l’intersyndicale a dénoncé la contradiction entre l’engagement de refaire de l’Education une priorité de la part du Gouvernement et les suppressions d’emplois AED au nom du dogme de l’austérité. Alors que l’objectif est celui de la réussite de tous les élèves et de l’amélioration du climat scolaire dans les établissements, les suppressions d’emplois AED vont avoir un impact négatif qu’il est impossible de négliger dans un contexte de hausse sensible des effectifs dans le Second degré. 1/2 emplois d’AED en moins dans un établissement représente 17h 30 en moins en moyens de surveillance (faire la grille, les couloirs...) et d’accompagnement (aide aux devoirs, à l’encadrement des sorties scolaires...). Quels choix vont devoir faire les équipes face à la pénurie ainsi entretenue et aggravée ?

Les établissements les plus touchés de surcroît par cette diminution des emplois AED sont les établissements difficiles, en particulier, les collèges avec la mise en extinction des fonctions d’assistant pédagogique, au moment où les inégalités sociales et scolaires s’attisent.

Enfin le gouvernement annonce faire de l’emploi et de la jeunesse une priorité dans une période où la crise et le chômage s’aggravent. Or utiliser les emplois AED comme une variable d’ajustement budgétaire revient à priver des étudiants et des jeunes de ressources. Nous avons demandé que les conséquences de ces suppressions ne se traduisent pas par du chômage, avec garantie de réemploi des AED et des AP qui ne pourraient se voir proposer de renouvellement de contrat dans leur établissement d’exercice.

 Le Rectorat bricole pour faire face à la situation et déplace le problème

Le Secrétaire général a répondu que les suppressions étaient effectivement ennuyeuses, d’autant que leur nombre est, comme nous l’avons montré, supérieure au nombre d’emplois implanté dans l’académie au titre des mesures d’urgence de la rentrée 2012 (+147).
Son objectif est d’atténuer l’impact des suppressions d’emplois dans les établissements par une meilleure optimisation des crédits de rémunération. Le budget qui servait à engager et rémunérer des remplaçants va être diminué pour permettre aux établissements de recruter dès la rentrée davantage d’AED à hauteur de l’équivalent d’une dizaine d’emplois supplémentaires par département, au risque de priver l’académie de tout potentiel de remplacement. Ces moyens supplémentaires directement gagés dans les établissements doivent faire l’objet d’un examen quant à leur répartition lors de groupe de travail dans les département le 11 juillet dans les Yvelines, le 2 juillet dans l’Essonne et le 4 juillet dans les Hauts de Seine et le Val d’Oise.

Concernant le risque de chômage pour des AED et des assistants pédagogiques qui se verraient opposer un non renouvellement de leur contrat du fait de la suppression de leur emploi, le Secrétaire général a fait l’éloge de la précarité. Il a cité le fort turn over de ces personnels qui résulte de la faiblesse de leur traitement et de la détérioration de leurs conditions d’emploi, ce qui devrait entrainer selon lui très peu de demandes de renouvellement. Le SNES a condamné cette attitude et rappelé son exigence d’une amélioration et d’une rénovation du statut d’AED (gestion rectorale, contrat reconduit tacitement jusqu’à la limite des 6 ans, service correspondant à un mi temps et ouvrant droit à un traitement plein pour être compatible à la poursuite d’études...). Il a obtenu l’assurance du réemploi pour les AED concernés par un non renouvellement suite à la suppression des emplois AED.

Voir notre article : http://versailles.snes.edu/spip.php...

 Le Ministre, quant à lui, pratique l’enfumage et renforce la précarité avec le recours aux emplois aidés comme substitut

Le Ministre, sans préavis et en catamini, a supprimé 2000 emplois AED, ce qui revient à annuler les moyens supplémentaires accordés en grande pompe au titre des mesures d’urgence à la rentrée 2012.
Afin de dissimuler ce mauvais coup et ses conséquences, il fait l’annonce en fanfare de 10 000 postes dans le second degré destinés à « améliorer la vie scolaire » et à « renforcer l’accompagnement éducatif en faveur du numérique ».

Ces postes recouvrent des emplois aidés dont le gouvernement a fait un outil de lutte contre le chômage, emplois destinés normalement à des jeunes non qualifiés. Il s’inscrit ainsi dans l’idée qu’il suffit de mettre dans les établissements des adultes, sans formation, ni souci de cohérence des missions des uns et des autres, en mélangeant allègrement les statuts, sans tenir compte des besoins spécifiques requis par le travail avec les élèves, pour que soit institué un climat propice aux élèves.

La jeunesse mérite davantage de respect et d’ambition.

Mettre en place un statut d’étudiant surveillant permettant aux jeunes étudiants de conjuguer réussite universitaire et activité dans les établissements, augmenter le nombre des CPE, améliorer les taux d’encadrement en classe, voilà quelles sont les mesures efficaces.

 Agir ensemble

Face à cette politique qui va à l’encontre des besoins des élèves et du Service public d’Education, et des intérêts et des droits de l’ensemble des personnels, le SNES a pris la décision d’interpeller l’ensemble des élus.

Dans les établissements, il appelle :

  • à faire remonter les situations de mise au chômage des AED et des AP auprès de la section académique pour qu’elle intervienne en direction du Rectorat afin que celui-ci tienne son engagement de réemploi
  • à signer et à faire signer la pétition pour des recrutements à la hauteur des besoins des personnels de surveillance et d’accompagnement, pour l’amélioration et la rénovation du statut d’AED (lien vers la pétition)
  • à exiger les recrutements dans les établissements à hauteur des besoins et à s’opposer à toute substitution sur les missions de surveillance et d’accompagnement par des emplois aidés et des emplois d’avenir professeurs en recherchant les convergences avec les parents et en décidant d’actions locales diversifiées (motion en CA, audience, arrêt de travail...)