Communiqué de la FSU - 13 octobre 2023

C’est avec effroi et sidération que la FSU a appris ce midi l’attaque au couteau perpétrée contre plusieurs personnels d’un établissement d’Arras. Cet acte terroriste a entrainé le décès d’un professeur de français et grièvement blessé d’autres personnels : un professeur d’EPS et un agent de sécurité de la Région. [1] La FSU apporte tout son soutien à l’ensemble de la communauté éducative, aux élèves, aux familles et aux victimes. En ce jour sombre, elle présente ses condoléances à la famille et aux proches de l’enseignant décédé.
La FSU condamne cette nouvelle attaque contre un enseignant. Aujourd’hui encore, en France, en 2023, trois ans presque jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty, un professeur peut être assassiné pour ce qu’il est et ce qu’il fait. C’est dramatique et insoutenable. L’école est devenue une cible pour ce qu’elle représente : un lieu d’émancipation par les savoirs, permettant à chaque élève d’entrevoir une porte, un avenir quel que soit son milieu d’origine. Cette idée est insupportable à celles et ceux qui sèment la terreur au nom de l’obscurantisme. Mais nous continuerons de porter cette idée d’une école émancipatrice pour toutes et tous parce que c’est bien ainsi que se construit l’avenir de la jeunesse et de notre pays.
Chaque jour, dans l’école de la République, des adultes, des professeurs œuvrent pour leurs élèves, pour les faire grandir, pour les accompagner. L’école doit être protégée de toute attaque et de toute dérive.
Face à ce drame, chacun devra se montrer à la hauteur. La FSU appelle chacun à s’abstenir de toute instrumentalisation et à respecter le deuil d’une communauté éducative meurtrie.

Bagnolet, le 13 octobre 2023

 Lundi 16 octobre : le temps de l’hommage

Nous étions initialement invités par le Ministre et le Recteur, sur cette journée du 16 octobre, trois ans après l’assassinat de Samuel Paty, à concevoir un temps d’hommage à notre collègue, dont l’organisation et le contenu étaient laissés à notre main.
Suite à l’attaque terroriste contre des personnels, à Arras, et en réponse à la demande d’un temps banalisé dans tous les établissements, portée par la FSU, le Ministre a décidé d’accorder aux personnels, lundi matin, dans tous les collèges et les lycées de France, un temps indispensable pour se recueillir, échanger et préparer au mieux l’accueil des élèves et l’hommage collectif.
A cette fin, dans tous les établissements, les deux premières heures sont annulées, un accueil minimal devant cependant être assuré pour les élèves présents dans leur établissement avant 10 heures.
Nous demandions la banalisation de la matinée de lundi matin, pour laisser réellement aux personnels la possibilité de se recueillir et ensuite de préparer accueil des élèves, deux temps que nous avons tenu à bien distinguer. Si la décision de l’annulation des deux premières heures de cours reste en-deçà de ce que nous demandions, c’est bien aux interventions des élu.es FSU, à tous les niveaux (académique et ministériel) que l’on doit cette décision. Ce temps va permettre aux personnels de préparer la minute de silence qui sera organisée à 14h.

Rassemblement hommage à Dominique Bernard, professeur de lettres, assassiné à Arras, et aux trois autres membres du personnel blessés : à Paris, le rassemblement aura lieu lundi 16 octobre à 18h place de la République.

Autres dispositifs mis en place

Le Rectorat de Versailles met à disposition de tous les personnels qui le souhaitent une cellule d’écoute et de soutien, ouverte de 9 heures à 12 heures et de 14 heures à 20 heures au 01 39 23 63 15.
Dans notre académie et plusieurs autres, des IA-IPR seront par ailleurs déployés dans les établissements, en soutien aux équipes.
La vigilance et la sécurisation des établissements est également renforcée, en lien avec les Préfets.

Heures banalisées : une demande portée par le SNES et la FSU

Dès vendredi 13 octobre après-midi, des temps d’échange, dont le SNES-FSU était demandeur, ont été organisés, avec les organisations syndicales, par le Recteur de Versailles, puis par le Ministre au niveau national. Il y avait en effet urgence à porter nos demandes, en particulier pour l’organisation de la matinée de samedi dans les établissements ouverts, et celle de la journée de lundi.

Au niveau académique, les membres de la F3SCT ont été réunis en visio-conférence dans l’après-midi. Les représentant.es de la FSU ont pu faire entendre leurs demandes, et obtenu que le Recteur fasse remonter celles-ci au Ministère.

Nous avons particulièrement insisté sur la nécessité de donner du temps aux personnels, et de prendre ainsi en compte le sentiment d’effroi, de sidération et la souffrance dans laquelle se trouve la communauté éducative, dans un contexte déjà particulièrement anxiogène dans bien des établissements.
Nous avons rappelé la situation inacceptable et choquante à laquelle le Ministère nous a exposés en 2020, au retour des congés d’automne, où des personnels avaient dû se mettre en grève afin de pouvoir se recueillir et préparer l’accueil des élèves. Il n’était pas envisageable qu’une telle situation se renouvelle.

Tout en soulignant l’impératif du respect de la liberté pédagogique, nous avons insisté sur le besoin d’un cadrage ministériel quant aux heures libérées, pour éviter toutes les dérives rendues possibles par le renvoi au local, notamment dans les établissements où la situation est déjà tendue, et où les pressions peuvent être les plus fortes. Nous nous sommes d’abord heurtés à une certaine réticence, le Recteur souhaitant plutôt « concilier » les moments de recueillement et de concertation entre personnels et l’accueil des élèves. Il s’est toutefois engagé à faire remonter la position des organisations syndicales de Versailles au Ministère, dans le but d’obtenir un cadrage national permettant de banaliser des heures de cours.

Nous avons aussi dit l’importance que l’ensemble des personnels, enseignants ou non, soient pris en compte et que possibilité leur soit donnée de participer aux temps d’échanges. Il ne serait notamment pas acceptable que les AED et CPE, mobilisés par l’accueil, ne puissent participer aux échanges avec les équipes. Il en va de même des PsyEN, qui seraient mobilisés, dans certaines académies, pour les cellules d’écoute. Nous alertons aussi le Rectorat et l’INSPE sur la situation spécifique des stagiaires, qui pourraient être tenus de se rendre à l’INSPE ce lundi. Il va de soi enfin que les agentes et agents doivent pouvoir eux aussi participer aux échanges.

Nous n’oublions pas le contexte particulièrement anxiogène, ces dernières semaines, dans certains établissements de l’académie (tensions, violences, tirs de mortier, alertes à la bombe, menaces). Nous continuons d’alerter les DSDEN et le Rectorat sur les situations qui nous sont remontées, et de rappeler la nécessité d’une attention très soutenue envers ces établissements, ainsi que de la sécurisation de tous les personnels, comme des élèves.

 En cas de difficulté, nous alerter !

Si la quasi totalité des militantes et militants seront, lundi matin, dans leurs établissements, auprès de leurs collègues, puis de leurs élèves, le SNES-FSU Versailles s’assure aussi de pouvoir répondre à vos sollicitations, dès lundi matin 8h30, à la permanence de la section académique, au 01 41 24 80 56.
N’hésitez pas à nous signaler toute alerte concernant la sécurité, dans votre établissement, ou tout autre problème, notamment si la possibilité pour les personnels de se réunir, sur les premières heures, était remise en cause, ou si certaines catégories de personnels en étaient exclues.

 Carte des rassemblements

Après l’effroi et l’émotion face à une attaque ayant causé la mort d’un de nos collègues et fait plusieurs blessés, des rassemblements sont organisés dans toute la France, ce week-end et demain à Paris. Vous en trouverez la liste, mise à jour régulièrement, dans cet article.

A Paris, le rassemblement aura lieu lundi 16 octobre à 18h place de la République.