Baccalauréat 2023 : analyses et outils pour dénoncer la réforme Blanquer

vendredi 16 juin 2023
par  Snes S3 MC

La chose est désormais si notoire que le ministère a dû se fendre d’une communiqué : entre démotivation, découragement et absentéisme, la fin de cette année scolaire est catastrophique en lycée. Déplorer cette situation ne suffit pas. Il faut réagir !

Même la grande presse s’en fait maintenant l’écho : rien ne fonctionne dans la nouvelle mouture du bac imposée par Jean-Michel Blanquer. Par frilosité, l’actuel ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye n’a procédé à aucune modification réelle du « bac Blanquer » dont on mesure ainsi pleinement les effets délétères sur l’examen lui-même, sur les enseignants et sur les élèves.
La pierre d’achoppement du dispositif est constituée des épreuves de spécialité de mars que le nouveau ministre a maintenues à cette date pour pouvoir intégrer leurs résultats dans les dossiers Parcoursup et, prétend-il, « satisfaire » les demandes des institutions de l’Enseignement supérieur, dont les exigences sont pourtant assez diverses en la matière. Il est vrai que les notes d’épreuves anonymes et nationales sont théoriquement bien plus fiables que celles du contrôle continu.

Des résultats qui font plus qu’interroger
Cette année pourtant, les disparités de résultats sont importantes entre les différentes spécialités : que ce soit du fait d’une harmonisation opaque et défectueuse, du refus des corps d’inspection de proposer des éléments de barème clairs, ou d’un mauvais calibrage des sujets, des écarts de notes très sensibles ont été constatés. Ainsi en mathématiques, une extrême facilité a été pointée ; a contrario, les notes semblent globalement bien plus basses que l’an dernier en HGGSP ou HLP. La NSI voit apparaitre des notes très élevées. Tout cela, outre créer de forts sentiments d’injustice, ne pourra qu’amplifier la « concurrence » malsaine entre les spécialités. Il y a tout lieu de penser que les spécialités notées plus bas aux épreuves de mars seront victimes d’un « bouche à oreilles » négatifs et risquent de souffrir de désaffectations. Quant aux commissions des établissements de l’enseignement supérieur, elles ne pourront que se montrer circonspects face à des « remontées » dans Parcoursup affichant des notes entre 17 et 20/

Un faux rythme catastrophique

Du fait des coefficients disproportionnés attribués aux épreuves de spécialité mais aussi au contrôle continu, il était généralement possible dès la mi-avril de savoir qui avait son bac, qui ne l’avait pas et qui était en difficulté, créant un stress important pour certains élèves et une prévisible propension au relâchement pour d’autres. Par la force des choses, l’épreuve de philosophie a perdu une grande partie de son importance et un faux rythme s’est répandu dans les classes de terminale. Jamais les candidats ne sont sortis aussi tôt des épreuves de philosophie !
Personne n’est dupe des gesticulations du Ministère, qui a beau jeu de rappeler que « l’année n’est pas finie » ou que les notes du troisième trimestre compteront pour la deuxième session de Parcoursup. Elles n’ont d’ailleurs eu aucun effet sur l’attitude des élèves.

Cafouillages trop nombreux du SIEC
Relâche ? Pas pour tout le monde ! En cette fin d’année, certains collègues sont particulièrement sollicités. Ce sera encore le cas des professeurs de lettres qui vont être mobilisés non seulement pour les épreuves anticipées de français, mais aussi, bien souvent, pour le Grand Oral, lorsqu’ils enseignent en HLP. Comme chaque année le SIEC convoque à tort et à travers, pourvu qu’il y ait des correcteurs. Et de nouveau en 2023, seul un petit nombre de collègues est convoqué pour le Grand oral mais ces derniers seront sollicités une semaine entière ! Par ailleurs, on trouve encore trop de convocations très lointaines, à plus d’une heure de distance voire même au-delà.
La lassitude et la fatigue qui résultent de ces convocations excessives ne peuvent que dégrader les conditions d’examen. Nous recommandons aux collègues victimes de convocations trop lourdes ou incohérentes de se tourner vers le SNES Versailles pour que nous puissions intervenir. Qu’ils n’hésitent pas à consulter notre article en ligne.

Intervenir au CA pour dénoncer la situation

Le CA est un lieu important du fonctionnement des établissements et il est important d’y soulever tous les problèmes de dysfonctionnement des lycées. Nous incitons les collègues à y faire une déclaration pour dénoncer le contenu catastrophique de cette année qui risque de se reproduire malheureusement durant les années à venir. Nous mettons en bas de cet article un modèle de déclaration au CA sous deux formats que, selon les situations, on choisira ou non de modifier.


De mars au début juillet, le bac Blanquer, dans sa forme définitive n’aura été qu’une suite de catastrophes. Il est temps de s’en débarrasser.

Baptiste Eychart


Documents joints

Exemple de vœu à présenter au CA