Audience examens 2022 : pour le SIEC et l’Administration, tout va pour le mieux !

mardi 14 juin 2022
par  Secteur politique éducative

La colère est forte chez les collègues des académies franciliennes face aux conséquences de la gestion du baccalauréat, et aux effets de la réforme Blanquer. Les sections académiques franciliennes du SNES-FSU, qui avaient dès le 19 mai sollicité une audience, ont enfin été entendus ce lundi 13 juin. Sur chacun des problèmes signalés, il nous a fallu faire preuve de beaucoup de ténacité dans nos interventions, pour n’obtenir finalement que quelques réponses, bien peu satisfaisantes. L’accumulation des dysfonctionnements, les modifications des notes, illustrent à nouveau le mépris pour notre travail.

Nous avons enfin été reçus en audience par les responsables du SIEC et des trois rectorats mais aussi par les doyens des corps d’inspection. Il est vite apparu qu’ils dressaient de la situation un tableau bien éloigné du constat une nouvelle fois alarmant que nous faisons.

 A. Le SIEC et sa communication

Alors que nous sollicitons le SIEC pour dénoncer plusieurs dysfonctionnements depuis le mois d’avril, nous n’avons obtenu que très peu de retours, et l’audience se tient trop tardivement. De nombreux nouveaux problèmes sont apparus depuis que nous avons adressé notre demande au SIEC et les plus anciens sont loin d’être résolus.
Nous avons également pointé les grandes difficultés rencontrées par les collègues pour joindre le SIEC et en obtenir des réponses, alors que, du fait de nombreuses convocations contestables, voire intenables, les sollicitations se multiplient. Ainsi, l’adresse mail qui figure sur les convocations n’est pas opérationnelle !

Les réponses du SIEC :
La direction du SIEC a nié l’existence de ce problème, et s’est contentée de présenter la procédure à suivre : pour ne pas multiplier les demandes en parallèle qui accroîtraient les confusions, il convient d’utiliser pour les demandes la voie hiérarchique et la plateforme e-absence (qui, selon certains retours, ne fonctionnerait pas toujours non plus...). Le SIEC assume donc pleinement de fournir sur les convocations une adresse mail qui renvoie un message automatique, et de faire obstacle aux demandes concernant les convocations.

 B. Des modalités de convocation invariablement inadmissibles

Nous avons relevé le caractère intenable de très nombreuses convocations : convocations très lourdes pour les collègues en français (EAF mais aussi éventuellement, HLP voire BTS), la surcharge de travail pour les examinateurs des oraux de langue (LLCE), l’arrivée de convocation à la dernière minute pour les candidats libres (CNED ou établissement hors contrats). Nous avons pointé les convocations de stagiaires de plus en plus fréquentes. Nous avons fait remarquer que le SIEC n’a pas tenu ses engagements de ne convoquer les examinateurs que sur deux jours pour le Grand oral, et que les collègues se retrouvent encore avec de très grosses charges (convocation allant jusqu’à 7 jours, de 8h à 18h, et souvent à une distance très importante de l’établissement d’exercice).
Nous avons formulé des demandes très concrètes : la prise en charge de frais de chambres d’hôtels et de stationnement, ainsi que des frais de garde d’enfants, pour les collègues contraints par les distances et les horaires, pour plusieurs jours de convocation. Plus généralement, il faut que le SIEC réponde aux demandes de collègues dont les convocations sont trop éloignés de leur domicile et veille, comme il s’y était engagé, à éviter ces situations.

Les réponses du SIEC :

Les réponses ne nous ont pas du tout satisfaits.
• Le SIEC a reconnu quelques défaillances et notamment le fait que les collègues d’anglais ont été excessivement mobilisés pour le passage des oraux de LLCE. Il y a eu un problème quelque part (mais nous ne savons pas lequel) ; cela ne devrait plus se reproduire. Pour les convocations pour les candidats libres, les listes auraient été transmises au SIEC très tardivement, le 20 mai, empêchant le SIEC de faire un travail de convocation et d’attribution des copies satisfaisant.
=> Ces explications n’ont rien de rassurant, et donnent tout lieu de croire que les problèmes se reproduiront à l’identique les années suivantes.

• Les convocations de stagiaires n’auraient lieu qu’avec l’accord des corps d’inspection concernés. Toutefois, une fois cet accord obtenu les stagiaires seraient versés dans la liste des correcteurs : impossible de ne les convoquer qu’en dernier recours, dès lors qu’ils figurent dans la liste.
=> Aux yeux du SNES-FSU, c’est doublement inacceptable.

• Pour le Grand Oral, le SIEC semble satisfait du résultat considérant d’abord le nombre d’examinateurs par centre. Il semble que le SIEC se contente d’être en mesure, sur le papier, d’avoir suffisamment d’examinateurs en face des candidats. Le fait que des collègues aient été convoqués sur une semaine, alors que d’autres ne sont pas mobilisés serait un impondérable : Imagin’ ne permet pas des convocations fines de deux jours en deux jours. On ne pourrait pas « découper des jurys ». Les contraintes de l’informatique dicteraient donc les conditions de travail des collègues !

Maigre lueur d’espoir : dans les cas où le SIEC a convoqué les collègues sur sept jours, deux jours de marge auraient été intégrés. Il n’y aurait donc en réalité que cinq jours de mission… à moins que les choses ne se passent pas comme prévu évidemment !
Le SIEC prévoit un passage de 12 candidats par jour, ce qui, à raison de 20 minutes par candidat, nécessite un temps bien moindre que l’amplitude horaire excessive des convocations (8 h à 18 h). Malgré nos remarques, il n’y a pas eu de « bougé » sur ce point.
Le SIEC concède toutefois qu’il pourrait y avoir des problèmes de distance, et a fini par accepter de se pencher sur la question des frais de logement et de parking, à condition toutefois que les textes le permettent...
Par ailleurs, le SIEC a clarifié une confusion liée à des problèmes de convocation : lorsque plusieurs convocations se chevauchent, la convocation pour le passage d’une épreuve prévaut sur celle à un jury. (exemple des collègues de Français qui pourraient être convoqués simultanément au jury du bac et aux oraux de l’EAF).

Cependant, cette réponse purement technique ne répond pas au problème principal, à savoir la surcharge de travail pour les collègues de certaines disciplines !

 C. Modification autoritaire des notes des épreuves de spécialités : des justifications au mépris du travail des correcteurs

Beaucoup de collègues correcteurs ont constaté avec stupeur sur Santorin durant le week-end que les notes en HGSSP, en HLP, en physique, en SI ou encore en SES avaient été augmentées d’un à deux points sur les copies numériques, sans qu’aucune annonce ait été faite à ce sujet, et sans que l’accord des correcteurs ait été recherché.
Nous avons relayé la colère des collègues face ce qui apparaît incontestablement comme un bidouillage des notes, au mépris du travail et de l’expertise des correcteurs.

La réponse des corps d’inspection

C’est peu dire qu’elle ne nous a pas satisfaits. Les représentants des corps d’inspection nous ont appris qu’une réunion inter-académique d’harmonisation s’était tenue le vendredi 10 juin. La tenue de cette réunion serait le résultat d’une décision du ministère.
40 inspecteurs référents auraient été présents pour une concertation sur les notes. Des « ajustements » auraient été décidés notamment en tenant compte des remontées des correcteurs, en particulier du fait qu’il pouvait y avoir une iniquité entre les journées 1 et 2 puisque les sujets différaient. Les corps d’inspection ne voient pour seul problème qu’un manque d’information en direction des correcteurs sur la démarche… c’est sur ce seul point qu’ils se sont engagés à faire évoluer la pratique l’an prochain.

Le point de vue du SNES-FSU

Ces réponses ne correspondent en rien aux échos que nous avons. En aucun cas il ne peut être question de remontées en bonne et due forme de l’ensemble des correcteurs. Des commentaires ont seulement été adressés de manière informelle, dans la boite de Santorin. Les correcteurs n’ont en rien été associés à la démarche de modification des notes. Par ailleurs la modification s’est faite sans particulièrement tenir compte des journées passage : l’argument de l’équité de traitement (déjà contestable) ne tient pas.
Les modifications, quasiment toujours à la hausse, paraissent plutôt avoir eu pour objectif de faire en sorte que les résultats du bac soient bons (avec des coefficients énormes pour les épreuves de spécialité) et qu’aucune spécialité ne paraisse trop difficile.
Le SNES-FSU s’empare de cette question, comme le montre le communiqué de presse publié par le SNES FSU.
https://www.snes.edu/article/commun...

 faire entendre son mécontentement

Nous avons d’ores et déjà fait savoir à nos interlocuteurs du SIEC, des rectorats et des corps d’inspection que de telles réponses n’étaient pas acceptables. Faites entendre votre mécontentement, en vous adressant au SIEC, aux corps d’inspection et au Rectorat et en nous adressant la copie de vos envois (lycee@versailles.snes.edu) :

  • contestation de convocation,
  • carte revendicative,
  • motion de jury, etc.
    Du matériel à adapter à chaque situation sera rapidement mis à disposition sur notre site.