Le test d’anglais Ev@lang, un nouvel outil de pilotage ?

jeudi 18 mars 2021
par  Snes S3 AT

Par la note de service du 3 février 2020 relayée par les chefs d’établissements, les professeurs d’anglais de collège ont appris qu’ils devraient, sur leur temps de cours, faire passer à leurs élèves de 3ème le test Ev@lang, « un test de positionnement adaptatif en langues vivantes entièrement en ligne » évaluant sous forme de QCM « compréhension de l’oral, compréhension de l’écrit et compétences linguistiques (grammaire et lexique) ».

 Organisation des tests Ev@lang

Ce test mis au point par France Éducation International, établissement public sous tutelle de l’Éducation nationale, concerne tous les élèves de l’enseignement public et privé sous contrat, y compris les élèves des classes de 3e prépa-métiers des lycées professionnels, de SEGPA, d’ULIS et d’UPE2A.
=> Voir le site Ev@lang

Chaque établissement dispose de trois semaines de classe pour organiser les tests, entre le 6 avril et le 19 mai inclus pour les académies de la zone C.
La mise en place de ce test fait partie des 10 mesures préconisées par le rapport Manès-Taylor de 2018, étrangement intitulé « Oser dire le nouveau monde ».
Pour nos élèves de 3ème, il évalue les compétences du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL) en sept niveau possibles, de « A1 non atteint » jusqu’à « au-delà de B1 ».

 Un test pour qui ? Et pour quoi faire ?

La question que nous nous posons au SNES-FSU est bien évidemment celle de la finalité de ce test assez souvent présenté (à tort) dans un premier temps par les chefs d’établissements comme aboutissant à une certification sur le modèle de PIX .
Ce n’est malheureusement pas la note de service, pétrie de contradictions, qui nous aide à répondre à nos différentes interrogations.
En effet, après avoir affirmé que « le test, non certifiant, ne constitue pas une évaluation de la performance de l’enseignement dispensé », mais qu’il « fournit une image du niveau atteint pour une cohorte d’élèves dans les mêmes compétences et au même moment » , qu’il est destiné à « encourager » les élèves, la même note de service précise qu’il fournit « un outil de pilotage de la discipline au niveau national, académique et de chaque établissement ».
Plus inquiétant encore : « Un test de positionnement est un outil de formation pour tous les acteurs sur les modalités d’apprentissage mises en œuvre et sur l’élaboration de la pédagogie, dans l’établissement et dans la classe ».

=> Après avoir dit le contraire, la note affirme donc bel et bien que non seulement le test évalue l’enseignement donné, mais qu’il entraînera un changement des pratiques d’enseignement de l’anglais et des langues en général.

Comme aux États-Unis, l’enseignement finira-t-il par se limiter à l’entraînement intensif à des tests standardisés de type QCM dont les résultats serviraient à évaluer, à classer et à accentuer la concurrence qui existe déjà entre établissements ?
Ces résultats, « les responsables nationaux, les recteurs et cadres académiques, les chefs d’établissement les analysent pour identifier et mettre en œuvre, à leur échelle, les mesures et les stratégies les plus favorables aux apprentissages en langues vivantes ».
Cela signifie-t-il que les enseignants se verront imposer des « bonnes » pratiques au détriment de leur liberté pédagogique ?

Le SNES-FSU ne nie pas l’intérêt pour les élèves d’une évaluation de leur niveau en fin de collège, ni celui de statistiques nationales, mais face à toutes ces questions qui suscitent les pires inquiétudes, et parce que le contexte actuel ne fait pas de l’évaluation une priorité, le SNES-FSU demande pour cette année scolaire la suppression du test Ev@lang mis en place sans concertation et qui impose une fois de plus aux enseignants une charge de travail supplémentaire. Il se heurte également à de multiples difficultés pratiques : manque de matériel, connexions insuffisantes, application d’un protocole sanitaire pour le nettoyage des tablettes et des casques ...

=> Lire l’article sur le site national du SNES-FSU