Classes virtuelles : stress, intrusions... Quelle protection ?

vendredi 8 mai 2020
par  Secteur emploi

Près de deux mois de confinement et d’enseignement à distance, et pourtant, le « Nous sommes prêts » de notre ministre, Jean-Michel Blanquer, sonne toujours aussi faux. Cette affirmation aura généré davantage de problèmes que de solutions.
Nous, enseignants, CPE, AED, AESH, Psy-EN, professionnels de terrain, le savions bien : dire que nous étions prêts n’avait pas de sens ; nous allions seulement devoir nous adapter, dans l’urgence, pour nos élèves.

Rapidement, les difficultés matérielles liées aux outils à notre disposition sont apparues, à commencer par les problèmes de connexion aux espaces numériques de travail, conduisant souvent les enseignants, mais aussi les élèves, à se connecter le soir, voire la nuit.
Rapidement, certains ont toutefois souhaité s’essayer aux classes virtuelles, avec les solutions sécurisées proposées dans notre académie...

Si, dans certains lycées, les personnels ont désormais la chance d’avoir accès, via l’ENT, à une application de classe virtuelle, c’est bien loin d’être le cas dans tous les établissements (aucun ENT de collège ne dispose de ce type d’application) ni dans toute l’académie. Seule solution institutionnelle à avoir été disponible dès le début du confinement : la Classe virtuelle du CNED. Or, celle-ci fonctionne en indiquant un lien à nos élèves, afin qu’ils s’y connectent. Et les problèmes commencent :

  • pas d’identification possible des élèves (à moins de leur demander à tour de rôle d’activer leur vidéo pour les identifier) ;
  • impossibilité de proscrire les fils de discussion privés si nous souhaitons activer le fil de discussion général ;
  • impossibilité de bloquer l’accès une fois tous les élèves connectés ;
  • nécessité d’une vigilance accrue pour repérer toute intrusion dans la classe...

Les quelques solutions proposées sur le site de la DANE de l’académie de Versailles sont loin de tout résoudre.

Que faire en cas d’incident ?

Si un incident se produit, lors d’une de vos classes virtuelles (incivilité, intrusion...), ne restez pas isolé !

Dans l’immédiat :

  • Faites des captures d’écran pour pouvoir les joindre à vos démarches.
  • En fonction de la situation, vous pouvez choisir ou non de poursuivre votre classe virtuelle.

A l’issue de la classe virtuelle, n’hésitez pas :

  • à nous contacter pour que nous vous aidions dans vos démarches ;
  • à signaler l’incident à votre chef d’établissement en rédigeant un rapport d’incident et demander à ce que l’incident soit remonté à la plateforme du CNED ;
  • à remplir le Registre Santé et Sécurité au Travail RSST (voir notre article) dès lors que la situation est génératrice de stress ou plus généralement a un effet sur votre santé ;
  • à porter plainte en cas d’insulte ou de menace ;
  • à demander la Protection Fonctionnelle de la Rectrice (que vous soyez fonctionnaire ou agent non titulaire).

Le Rectorat a été alerté par vos représentants SNES-FSU et vos élus FSU au CHSCT sur la multiplication des incidents liés aux classes virtuelles et sur la nécessité d’informer sur les démarches à effectuer. L’Administration minimise l’ampleur du phénomène. Elle doit la protection à ses personnels et ne peut ignorer délibérément les risques auxquels les personnels sont exposés dans le contexte très particulier que nous vivons. Il est fondamental d’alerter sur ce type d’incident.

Le SNES-FSU exige que l’outil soit adapté pour tenir compte de nos pratiques, notamment par la mise au point d’un système de connexion par lien individuel et/ou via connexion par l’ENT, par la validation de l’enseignant en amont de la connexion, par la possibilité de modérer le fil de discussion...