Le Comité inter-académique d’Île-de-France de l’Education nationale (CIEN) s’est tenu le 16 septembre dernier en présence des représentants de la région, des organisations syndicales mais aussi des associations de parents d’élève. Il a encore illustré le caractère régressif de la politique de la région tant sur le fond que sur la forme quant à la politique envers les lycées dont elle est propriétaire.
Une méthode de travail inacceptable
La méthode tout d’abord. Pour discuter et voter la Dotation générale des lycées franciliens (DGFL), les documents fournis étaient rachitiques : quelques formules et un tableau global. La FSU a dénoncé cette politique qui rend impossible toute possibilité d’analyse et de contrôle de la politique régionale. Elle fait remarquer que le dossier de presse fourni par la région était plus riche en informations que les documents préparatoires ce qui est inacceptable. Ainsi il est impossible de comprendre la logique à la hausse ou à la baisse de la DGFL aux différentes échelles, notamment départementales. Face à une telle critique, la réponse de la région a été totalement spécieuse : les barèmes de calcul auraient été posés à partir de l’année 2021 et n’auraient pas été changé depuis ce jour. La chose était présentée en 2021, il n’y pas lieu de donner des documents plus détaillés. Par ailleurs, la région assume totalement de fournir plus d’informations dans un dossier de presse et donc de minorer complètement le rôle du CIEN et des organisations syndicales. Pour finir, elle a campé sur une position d’intransigeance refusant le bien fondé de toute critique.
Quand la région a été interpelée par la FSU sur sa politique envers les manuels qui visent à contraindre budgétairement les lycées et donc les collègues à bifurquer vers les très médiocres manuels libres dont elle a coordonné la confection, elle s’est refusée à toute remise en cause, s’enfonçant dans le déni qui confine à la contre-vérité.
Construction et bâti : la région se donne un satisfecit commode
On sait que la question du bâti et de sa vétusté est un enjeu essentiel en région Île-de-France depuis plusieurs années. À Paris 9 lycées ont reçu un avis défavorable de la commission de sécurité du fait de risques d’incendie et deux pour un risque de péril batimentaire. Certaines situations de délabrement avancé ont été médiatisées comme celle du lycée Paul Éluard de Saint-Denis ou le lycée Jean Rostand à Mantes-la-Jolie. Il y a deux ans un audit avait a établi que 150 lycées sur les 472 de la région académique seraient vétustes. Pourtant la région annonce tapageusement que la vétusté des lycées aurait été divisée par 3,5 depuis 2016 et qu’un plan d’embellissement de 6 millions par an et de végétalisation de 5 millions profitera à 150 lycées. Il y a un décalage entre les chiffres affichés fièrement par la majorité régionale menée par Valérie Pécresse et le constat qui peut être fait quotidiennement par les collègues dans les établissements. Et l’on passera sur les mesures très contestables comme le doublement des Brigades régionales de sécurité, que la région veut faire passer au nombre de 40.
Quant à la question des places et des établissements neufs, elle n’est pas rose comme la région l’annonce. Certes, cette dernière a lancé des constructions et dans l’Académie de Versailles plusieurs lycées neufs sont annoncés : un lycée à Gonesse de 1700 places, un autre de 1200 à Carrière-sous-Poissy, un autre de 600 places à Magny-en-Vexin, un lycée à Bagneux de 1200 places, un autre à Louvres et un dernier à Saint-Pierre du Perray de la même taille mais qui serait un lycée « à cheval » sur deux académies cette fois. Toutefois la date d’ouverture de ces établissements est loin d’être proche : dans le meilleur des cas, 2028 à Magny-en-Vexin, à Saint-Pierre-du-Perray et à Bagneux ; la cité scolaire internationale de Gonesse est annoncée pour 2027.
À plus courte échéance, la région annonce des places nouvelles dans les établissements existants comme 300 places à Camille Claudel à Mantes-la-Ville ou 600 aux Pierres Vives à Carrières-sur-Seine.
Malheureusement, on est très loin du compte quant aux besoins qui explosent du fait de la croissance démographique comme dans les départements du Val d’Oise ou de l’Essonne. En 2016 un plan d’urgence a été validé par la région pour satisfaire les besoins : 30 000 nouvelles places devaient être crées d’ici 2028. Aujourd’hui en 2025, seules 15 000 ont été livrées, 14 000 seraient en étude en cours de travaux et 1000 à lancer. L’objectif à atteindre en trois ans semble inatteignable et ce d’autant plus que l’on se sait pas quelle est la répartition au sein des 14 000 annoncées quelle est la part de celles « en étude » et celles « en travaux », ce qui est quand même très différent.
La majorité régionale a beau se défausser sur l’ancienne majorité de Jean-Paul Huchon de tous les maux, elle dirige l’Île-de-France depuis neuf ans maintenant et est comptable de ses propres choix. Choix d’autant plus contestables, qu’elle a décidé de financer généreusement les lycées privés : cette année encore une fois des millions d’euros de subventions qui ont été alloués pour établissements à statut privé pour des rénovations de halls, des modernisations d’installations sportives, des renouvellement de salles informatiques etc. D’une certaine façon, l’argent public permet une valorisation patrimoniale de biens privés détenus par des associations de droit privé. Il n’y a ainsi aucune raison que l’argent public finance à hauteur de 133 143 euros les travaux du lycée Saint Gabriel de Bagneux ou que la région attribue 48 000 euros pour la sécurisation du lycée Saint Charles d’Athis-Mons. Pour les établissements d’enseignement général privés, c’est 703 460 euros pour la sécurisation et 4 570 224 euros au titre de la rénovation qui ont été attribués au titre de la loi Falloux. En outre, pour les lycées professionnels et technologiques - hors loi Falloux mais relevant de la loi Astier -, il faut ajouter 468 585 euros pour leur sécurisation et 2 907 957 euros pour la rénovation.
Le bâti pour les établissements privés a été financé à la hauteur de 8 650 227 millions d’euros cette année donc.
C’est profondément inacceptable.
La DGFL en 2026 : stagnation ou baisse réelle ?
À l’ordre du jour du CIEN de rentrée, il y avait la présentation et le vote de la Dotation globale de fonctionnement des lycées, une dotation attribuée chaque année aux établissements pour leur fonctionnement. La DGFL ne comprend pas les frais en terme d’énergie, de chauffage et de restauration qui sont pris en charge directement par la région. Il n’y a aucun fléchage des crédits, chaque établissement fixant et votant son budget en toute autonomie. La région Île-de-France, pour déjouer les critiques, assène que la DGFL de 2025 de 85 millions ne constitue qu’une petite partie du budget régionale de l’éducation mais il faut avoir en tête que c’est cette dotation (avec quelques autres fonds venant notamment de l’État) qui est à la base de la politique budgétaire des établissements.
Avec 85 millions d’euros attribués, la DGFL est cette année globalement la même que celle de l’an dernier, qui elle était en baisse d’un million par rapport à l’année 2024. La région Île-de-France peut se targuer donc d’avoir revu légèrement sa politique mais le diable git comme toujours dans les détails. Car s’il n’y a pas de baisse nominale, la DGFL étant maintenue à 85 millions d’euros, du fait du taux d’inflation actuel qui tourne autour de 2 % en France, il y a une baisse réelle de cette dotation. La logique austéritaire que l’on retrouve aussi dans la politique numérique de la région est profonde. Envisagée en un temps plus long et en tenant compte de l’inflation, de 2022 à 2026, la DGFL aura baissé de 10 % en euros constants.
Logiquement lors du vote consultatif les élus de la FSU ont voté contre la DGFL.
Des écrêtement des fonds de réserve plus rares mais toujours là
L’an dernier, la question de l’écrêtement des fonds de réserve avait donné lieu à des rebondissements pour le moins malencontreux. Alors que James Chéron, vice-président du conseil régional d’Île de France, interrogé sur la question par les représentants de la FSU au CIEN, avait écarté l’idée d’un éventuel nouvel écrêtement des fonds de réserve des lycées, la région a rétropédalé pour des raisons inconnues le 26 septembre 2024.
Cette année, le principe de l’écrêtement est maintenu de manière claire. Concrètement cela signifie que les établissements ayant un fond de roulement supérieur à 6 mois de fonctionnement subiront un écrêtement touchant leur dotation à la hauteur de 7 % de cette dernière. Ce prélèvement spécial au titre de contribution au FCF (Fond commun de fonctionnement) se substituera au prélèvement conventionnel de 2 % que connaissent tous les lycées. Il permettra d’abonder ce FCF qui a pour objet d’aider les établissements en difficulté et fait office de mécanisme de solidarité.
Si le SNES-FSU n’est pas hostile au principe d’un écrêtement car les établissements doivent dépenser l’argent qui leur est alloué, il maintient sa critique de son fonctionnement ici car il n’y a toujours aucun dialogue avec les organisations syndicales sur ce point et le CIEN se contente d’être mis devant le fait accompli cette année encore. Il critique aussi la brutalité de la mesure qui s’est faite sans aucune consultation des établissements qui parfois abondent leur fond de réserve avec des objectifs précis. Il fait aussi remarquer que les usages du FCF restent opaques et exigent de la transparence.
Cette année le nombre de lycée concernés par un écrêtement est en baisse sans doute car les lycées ont anticipé cette perspective.
Pour toute question, n’hésitez pas à nous contacter
La dotation de votre lycée
Vous trouverez dans l’annexe 2 la dotation budgétaire de votre établissement. L’annexe 3 concerne les contrats d’entretien obligatoires (CEO) et des contrats techniques obligatoires (CTO), comme le chauffage.
