Correction des épreuves de spécialité : non à l’harmonisation sauvage et inquisitrice !

vendredi 3 juin 2022
par  Secteur politique éducative

Certains corps d’inspection des académies franciliennes tentent d’imposer, hors de tout cadre institutionnel, une harmonisation des notes du bac en cours de correction !

Depuis quelques jours, les correcteurs des épreuves de spécialité voient leur travail perturbé par des consignes émanant de certains inspecteurs, ou formulées par des coordonnateurs des groupes de correcteurs des épreuves de spécialité dans la boite d’échanges de la plate-forme Santorin. Sous couvert d’harmonisation, ces consignes, particulièrement intrusives, ont immédiatement fait réagir les collègues corrigeant les copies dématérialisées des épreuves du bac car elles vont bien au-delà de ce que nous connaissons jusqu’à présent.
Au-delà de la communication de la moyenne actuelle des notes données à ce stade des corrections (moyenne qui n’a aucune valeur, puisqu’elle a vocation à évoluer !), les messages reçus comportent des injonctions inacceptables :

  • il est demandé aux correcteurs en SES d’indiquer toutes les notes sur SANTORIN au fil de l’eau, quel que soit le nombre de copies déjà corrigées, afin de pouvoir être contactés par les coordonnateurs « dans le cadre de l’harmonisation » ;
  • la moyenne des copies notées par chaque correcteur est supposée ne pas s’écarter de plus de deux points (en positif ou en négatif), de la moyenne générale. En SES, une liste nominative de collègues sortant du cadre prescrit est même pointée du doigt, une pratique extrêmement choquante !

Plus que jamais, Santorin apparaît comme ce qu’il est en réalité : un outil dangereux de surveillance de nos pratiques de correction, permettant de piétiner notre liberté pédagogique.

Le SNES-FSU appelle à ne tenir aucun compte de ces injonctions qui n’ont strictement aucune base réglementaire ni même fondement logique sérieux. Et ce pour plusieurs raisons.

  • La moyenne « cible » est une moyenne totalement factice car il ne s’agit que d’un relevé ponctuel de lots non verrouillés et dont les notes peuvent donc être changées ultérieurement par les correcteurs ;
  • La référence aux deux points sous cette moyenne ou au-dessus n’a aucun fondement réglementaire et est totalement arbitraire. Ce choix d’un écart de deux points est même extrêmement contestable d’un point de vue statistique ;
  • Le travail d’harmonisation ne doit se faire que lors des jurys de délibération, amenés à se tenir ultérieurement. Ces jurys travailleront collectivement à partir de toutes les notes données et avec des outils statistiques sérieux, dans un cadre réglementaire pleinement défini.
  • Pour finir, cette surveillance infantilisante de notre travail et de nos méthodes de correction représente une négation totalement inacceptable de notre liberté pédagogique. Il ne peut pas être exigé des correcteurs qu’ils saisissent les notes avant la date fixée initialement.

Le SNES-FSU avait déjà dénoncé Santorin comme un outil de contrôle des examinateurs. Les faits nous donnent plus que jamais raison.