Santorin : aussi absurde que dangereux !

lundi 21 juin 2021
par  Secteur politique éducative

Alors que les problèmes posés par les conditions de convocations, de passage et d’évaluation du bac 2021 dépassent les pires prévisions, l’absurdité atteint des sommets avec le recours à l’application de correction en ligne Santorin. Les dysfonctionnements sont déjà nombreux et exposent les personnels à des difficultés supplémentaires, et à des pressions insupportables et inacceptables.

Sens dessus dessous !

Des copies numérisées incomplètes et dans le désordre ; des copies qui commencent par la fin ; des copies alternant pages blanches et pages rédigées ; des copies scannées la tête en bas ; des copies mélangées ; des copies non anonymées ; des copies dont le scan est à peine lisible...
Telle est la longue liste, sans doute encore incomplète, des problèmes auxquels se heurtent les collègues de Lettres modernes et de Philosophie, contraints de corriger sur l’application imposée par le Ministère de l’Éducation nationale, Santorin. S’y ajoutent aussi les inévitables problèmes de connexion, puisqu’il n’est possible de corriger qu’en restant connecté ! Bercé par les sirènes du tout numérique, le ministre Blanquer vante une pseudo-modernité trompeuse. Santorin démontre encore une fois pour cette session du bac 2021 l’absurdité de la méthode imposée : à quoi bon infliger ce colossal travail de numérisation, au résultat catastrophique, et qui ne fait qu’alourdir et allonger encore la tâche des correcteurs ?

Gaspillage de temps et aberration écologique

L’obligation de numériser vite pour rendre les copies disponibles dès le 18 juin a vraisemblablement été à l’origine du florilège de dysfonctionnements évoqué plus haut. Par ailleurs, la cadence soutenue exigée pour la numérisation, n’a manifestement pas systématiquement été tenue et certains lots de copie ont été attribués avec 48h de retard, faisant peser une pression supplémentaire sur les correcteurs, déjà inquiets des délais de correction intenables.
Certes, le Ministère a concédé le droit de corriger une version imprimée des copies, mais cette impression est laissée à la charge des collègues et des établissements ! Une possibilité chronophage et d’une absurdité qui laisse sans voix puisque les copies matérielles existent bel et bien mais que les correcteurs n’y auront pas accès. Pourquoi obliger les correcteurs à corriger en ligne, sur une version scannée et leur refuser les versions originales ?

Beaucoup de temps perdu et un non-sens écologique ! On sait en effet combien le numérique est consommateur d’énergie et contribue aux émissions de gaz à effet de serre.

Un outil de contrôle opaque et dangereux

Les examinateurs ayant commencé leurs corrections ont aussitôt pu constater les risques que comporte Santorin :

  • L’application implique que les correcteurs utilisent leur propre matériel informatique, à moins de corriger dans leur établissement. Elle implique aussi que le débit soit bon et que la bande passante soit correcte. Avec la multiplication des connexions en ligne, grosse consommatrices de bande passante, les premiers « plantages » n’ont pas tardé à apparaître. Certains correcteurs ont eu la très désagréable surprise de constater qu’ils avaient perdu le travail de correction déjà effectué !
  • D’autres ont vu leurs lots de copies évoluer en l’espace de quelques heures, constatant la disparition de copies déjà corrigées et l’apparition de nouvelles. Comment organiser dans ces conditions son travail de correction ? Santorin permet en effet de réaffecter très facilement les copies selon les besoins de l’administration ou tout simplement à la suite d’erreurs dans la répartition. Car les inégalités dans la charge de correction sont considérables cette année, sans que rien ne vienne les justifier. Tous les coups sont permis, et l’opacité règne en maître.
    Santorin révèle ainsi sa nature profonde : c’est un outil de contrôle du rythme de correction, qui donne un pouvoir considérable à l’Administration.

Tous ces travers et ces dangers sur lesquels le SNES-FSU avait alerté se vérifient pleinement pour cette session 2021 et risquent de persister pour les années à venir.
=> Le SNES-FSU exige l’abandon de ce système de correction numérique, pour le retour à une correction papier.

Comment agir ?

Il est plus que probable que le Ministre, malgré les dysfonctionnements incessants et scandaleux dénoncés à chaque étape cette année, maintiendra que les examens se sont bien déroulés.

Il nous appartient de faire la lumière sur l’ampleur des problèmes constatés.

Nous appelons les collègues à continuer de communiquer largement sur les difficultés de tous ordres :

  • en s’adressant à la section académique, à l’adresse (lycee@versailles.snes.edu) ;
  • en recensant dans le registre santé et sécurité les impacts négatifs de l’organisation du baccalauréat sur leur santé et en saisissant le CHSCT académique pour alerter sur les conditions intenables imposées pour les corrections ;
  • en interpellant le SIEC, l’Administration, les corps d’inspection par des courriers collectifs ou motions, rédigés à l’occasion des réunions de jury.

Motions à signer collectivement, dans les centres d’examens et les jurys

Grand oral : motion à faire signer collectivement pour dénoncer les conditions d’organisation de cette épreuve et sa nature profondément inégalitaire à retrouver ici.

Philosophie  : motion à faire signer collectivement pour exiger une amélioration des conditions de correction (copies papiers, délai de corrections etc) à retrouver ici.

Français  : analyse des conditions de correction et motion à faire signer collectivement pour exiger une amélioration des conditions de correction à retrouver ici.

Le SNES-FSU rappelle qu’un préavis de grève est déposé, sur l’ensemble de la période, permettant de couvrir les actions en lien avec les examens.