Quelles conditions pour la reprise ? Encore trop d’incertitudes !

vendredi 23 avril 2021
par  Snes S3 MRP

Tests, vaccination, protocole sanitaire, école à distance, examens… après la réunion ministérielle et la conférence de presse gouvernementale, encore beaucoup trop de flou et d’incertitudes sur cette rentrée.

Une réunion sanitaire s’est tenue avec le Ministère le 22 avril en début d’après-midi, quelques heures avant la prise de parole gouvernementale, notamment du ministre de l’Éducation nationale, prévue en début de soirée.

=> Retrouvez dans cet article les demandes qu’avait formulées le SNES-FSU.

Capteurs de CO2, tests, sécurisation des cantines, vaccination…. Les demandes portées par le SNES-FSU, mais aussi par des scientifiques et des parents d’élèves sont très largement approuvées. Retrouvez ici les résultats de notre sondage.

 Des annonces encore bien floues !

Organisation de la rentrée, vaccination, tests, fin d’année scolaire, examens…à quelques jours de la reprise des cours, il reste encore beaucoup trop de flou et les annonces ministérielles sont loin de lever toutes les inquiétudes en matière sanitaire et pédagogique.

=> Retrouvez dans cet article toutes les informations et analyses du SNES-FSU sur ces questions :

  • communication du Ministère : des méthodes toujours contestables,
  • calendrier de vaccination des personnels : aucune nouvelle information,
  • autotests : toujours la même absence d’anticipation,
  • le collège : grand oublié du protocole sanitaire,
  • examens : les éventuels aménagements toujours remis à plus tard.

 Courrier du Ministre aux personnels : que d’imprécisions !

Si l’on peut se satisfaire de ce que Jean-Michel Blanquer se soit adressé à nous, une fois n’est pas coutume, à l’écrit, et non au moyen d’une vidéo, le contenu du courriel d’information envoyé hier soir à tous les personnels a de quoi nous laisser pour le moins sceptiques.


« Les données sanitaires dont nous disposons aujourd’hui nous permettent de maintenir le calendrier précédemment défini pour la reprise des cours. »
=> Les données sont pourtant inquiétantes. Pour rappel, fin octobre, le taux d’incidence, compris entre 450 et 550 dans l’académie de Versailles, et le taux d’occupation de 75% des lits en réanimation avaient nécessité un 2ème confinement ; le Gouvernement se réjouit pourtant aujourd’hui, alors que les taux d’incidence sont équivalents, que le taux d’occupation des lits en réanimation est de plus de 150% et malgré la présence très inquiétante de variants plus contagieux et dangereux.


« de nouvelles études scientifiques ont confirmé une moindre contagiosité des enfants »
=> le Ministre s’appuie sur cette affirmation pour justifier la réouverture des écoles le 26 avril, et c’est sans doute aussi ce qui motive l’absence d’aménagements pour les classes de 6ème et 5ème. Mais sur quelle étude se fonde-t-il ? Qu’entend-il par « enfants » ?
Il est avéré que les enfants de plus de 10 ans sont aussi contagieux que les adultes et avec la présence de variants plus contagieux, ce principe de moindre contagiosité ne peut être mis en avant !


« le travail important qui a été mené ces dernières semaines en lien avec les collectivités territoriales : il permettra notamment de déployer des capteurs de CO2 et des purificateurs d’air dans un grand nombre d’écoles et d’établissements scolaires. »
=> Quels retours de ce « travail important » avons-nous eu de la part des DSDEN et du Rectorat ?


« Nous renforcerons les possibilités de remplacement pour pallier les éventuelles absences des professeurs isolés ou arrêtés : d’ores et déjà près de 5 000 personnels supplémentaires ont été recrutés et nous pourrons poursuivre ces recrutements selon les besoins. »
=> Ce point concerne manifestement le Premier degré. Qu’en est-il alors des remplacements dans le Second degré ?


« Un enseignement hybride, associant cours en présence et enseignement à distance, sera reconduit pour les lycéens, qui devront donc être accueillis en présence à demi-effectif. Une attention particulière sera portée aux élèves de terminale pour que l’organisation retenue dans chaque lycée les prépare au baccalauréat. »
=> Toujours aucun cadrage précis, donc, concernant le « demi-effectif ». La mise en œuvre, en fonction des établissements, se fera de nouveau de manière très disparate !
=> « Une attention particulière sera portée aux élèves de terminale » : au-delà de la déclaration d’intention, on peut s’interroger sur la signification de cette affirmation.


« La même procédure sera adoptée pour les classes de 4ème et de 3ème des collèges situés dans les départements présentant les taux d’incidence les plus élevés, dont la liste est établie sur le site de notre Ministère. Les classes de 6ème et 5ème demeureront dans un enseignement totalement en présence. »
=> L’académie de Versailles, comme toute l’Ile-de-France, est concernée par ce dispositif qui reste toutefois insuffisant dans la mesure où il n’est pas généralisé à l’ensemble des niveaux et des collèges.
=> « demi-effectif » : pour le collège, comme pour le lycée, l’absence de cadrage nous fait craindre des mises en œuvre très disparates. Quelles organisations locales vont découler de cette consigne ?


« Nous avons travaillé avec les collectivités locales en charge des ENT pour qu’elles demandent à leurs opérateurs des garanties de robustesse de leurs systèmes informatiques. »
=> Travailler pour demander ne suffit pas ! Le SNES-FSU est intervenu auprès du Ministère pour exiger que tout soit mis en œuvre, aussi bien en matière de sécurité que de capacité à supporter un grand nombre de connexions simultanées. Si lors de la réunion organisée par le Ministère à ce sujet, le discours s’est voulu rassurant, les réponses à nos questions très précises sont restées très nébuleuses.


« Vous pourrez par ailleurs vous tourner vers les cellules de continuité pédagogique de votre académie qui fournissent un travail considérable et pourront vous éclairer ou vous aider en cas de difficulté. »
=> Dans l’académie de Versailles, si la cellule existe bien (voir ici), aucune communication n’a été faite envers les personnels !


« Nous recommandons particulièrement que les classes virtuelles se tiennent avec »Ma classe à la maison« , les ENT pouvant servir aux autres usages. »
=> Une fois de plus, cette recommandation est faite sans aucune anticipation ! Elle aurait du être communiquée aux personnels quand les élèves étaient encore en classe, pour qu’ils soient formés.
=> L’utilisation de « Ma classe à la maison » nécessite que les élèves créent un compte et reçoivent sur une adresse mail un message d’activation qui met plusieurs heures voire plusieurs jours à arriver !


« Dans les collèges, le recours aux tests salivaires sera développé et pourra être complété par l’utilisation des autotests dès lors que nous disposerons de l’avis de la Haute Autorité de Santé sur la possibilité de proposer ces tests à des jeunes de moins de 15 ans. »
=> Qui va superviser ces opérations ? Comment sont-elles organisées ? On peut aussi s’interroger sur la capacité réelle de dépistage : 400 000 tests salivaires, pour le Premier degré et les collèges, même sur quelques départements, cela laisse de gros trous dans la raquette… Les tests salivaires, plus que développés, doivent être généralisés !


« Des autotests seront distribués aux lycéens à partir du 10 mai, sur la base de l’accord des familles. La semaine du 3 mai permettra de définir l’organisation hebdomadaire de ces tests dans un lieu dédié, en présence de personnels de santé et d’encadrants formés qui disposeront d’équipements de protection. Des médiateurs seront recrutés pour renforcer l’encadrement de ces tests. »
=> Là encore, gros flou sur la formation et l’organisation des auto-tests. Cela reste un acte médical, auquel les professeurs n’ont pas les compétences pour former les élèves.
=> Les médiateurs doivent être des personnels médicaux.


« un cas positif entraînera la fermeture de la classe »
=> Pour être efficace contre la propagation du virus, ce protocole devra être effectivement mis en place dans tous les établissements scolaires, de manière stricte et avec réactivité dès les premiers jours de reprise.


« pour chaque phase [de vaccination] un accès privilégié est désormais réservé aux personnels de l’éducation nationale. »
=> Un accès privilégié est insuffisant. Le calendrier doit être accéléré pour les personnels de l’Éducation nationale. La priorité doit être réelle. Des personnels de plus de 55 ans, pourtant supposés être prioritaires, se sont vu refuser la possibilité d’être vaccinés durant les congés scolaires, sous prétexte qu’ils ne s’étaient pas présentés sur le bon créneau !


« La fin de ces vacances de printemps engage également la dernière ligne droite pour la préparation des élèves au diplôme national du brevet et au baccalauréat dont les épreuves anticipées de français et les épreuves terminales de philosophie et du Grand oral sont maintenues. »
=> Comment préparer sereinement les examens alors que les conditions d’apprentissage sont réduites ? Comment garantir l’équité alors que les conditions d’enseignement ne seront pas les mêmes sur tout le territoire ? Des aménagements restent indispensables, et sont plus qu’urgents.


« Comme vous le savez par ailleurs, ma collègue Frédérique Vidal et moi avons tenu compte de la situation particulière que rencontrent les étudiants de BTS. Une session de rattrapage sera organisée au début du mois de juillet pour tous les candidats qui n’auront pu valider leur diplôme. »
=> On ne peut être que d’accord avec l’organisation d’un examen de rattrapage. Mais cette réponse arrive encore une fois trop tard ! Des élèves malades se sont déjà rendus aux examens pour éviter d’avoir un zéro et de voir leurs chances d’obtenir leur diplôme remises en cause !