Organisation du bac et du DNB 2020 : des flous persistants. Compte-rendu de l’audience du 9 juin avec le SIEC

dimanche 14 juin 2020
par  Secteur politique éducative

Le SNES-FSU défend le principe d’évaluations nationales et terminales et demande la suppression de la réforme idéologique du baccalauréat voulue par le Ministre.

Dans les circonstances exceptionnelles dues au confinement le baccalauréat et le brevet de la session 2020 seront attribués dans les conditions très particulières du contrôle continu. Ce recours au contrôle continu ne peut être qu’exceptionnel. Cela ne doit pas devenir le prétexte à des dérives locales inacceptables. Le SNES-FSU a réclamé un cadrage et est également intervenu, comme chaque année, sur les points clés de l’organisation de ces examens.

Les sections académiques d’Ile-de-France ont été reçues en audience par visio-conférence par le SIEC et les secrétaires généraux des trois académies franciliennes le 9 juin. Cette audience a permis de lever certaines ambigüités, mais a montré aussi les blocages de l’Administration et son refus d’échanger en toute transparence tout comme le flou de certains dispositifs mis en place. Voici le bilan que l’on tirer de cette audience.

 Le DNB

Le DNB sera bien attribué par la prise en compte du LSU et des notes de contrôle continu pour l’Histoire-Géographie, les mathématiques, le français, ainsi que d’une note globale pour la technologie, la SVT et la Physique-chimie. Les notes ne sont pas prises en compte à partir du début du confinement. Il n’y a donc aucune note pour le 3ème trimestre. 

Pour les collèges sans note, une conversion est prévue pour passer à des notes, conversion dont les modalités doivent être fixées par une note de cadrage.
Le SNES Versailles dénonce l’absence de réponse claire à notre question sur les complexités de la transformation. En effet, une évaluation « excellente » correspond-elle à un 16, un 18 ou à un 20 ?
Les jurys sont en cours de constitution avec à leur tête un président du jury qui sera un DASEN. Le SIEC a signalé vouloir mobiliser le moins de monde possible pour pouvoir travailler dès le 1er juillet. Les réunions se tiendront sans doute dans les rectorats.

  Le baccalauréat

L’évaluation
Le SNES-FSU Versailles a condamné, à partir de remontées d’établissement, les consignes qui sont données et qui entraînent la mise en place d’un bricolage inquiétant consistant à « bidouiller » les notes de contrôle continu. Un certain nombre d’établissements se dirigent en effet vers un arrangement local des notes, parfois par manque de connaissance des consignes ministérielles.
Nous avions adressé le 2 juin une lettre ouverte à Mme la Rectrice sur ce sujet (voir notre article) et le SNES-FSU est intervenu auprès du Ministère, sans réponse de sa part, pour qu’un cadrage clair soit transmis aux établissements. Nous avons donc demandé de la part des trois rectorats, et au moins celui de Versailles, une forme de cadrage écrit en destination des établissements rappelant les règles. Nous ne pouvons que condamner le refus de l’académie de Versailles de produire une telle mise au point et le choix de suivre seulement « au cas par cas » d’éventuels problèmes tout en se réfugiant derrière l’existence du décret et la note de service, qui semblent insuffisants pour éviter les confusions. 
La rupture de l’équité de traitement entre les candidats et la dévalorisation concomitante du baccalauréat 2020 sont des risques que l’Administration n’a pas voulu écarter.
Le SNES-FSU Versailles continue de lutter pour garantir aux lycéens de notre académie candidats à cet examen, dans le contexte difficile qu’ils ont vécu cette année, que leur diplôme ne sera pas un diplôme au rabais du fait des pratiques locales plus que douteuses, mais bien le baccalauréat qu’ils méritent.
Nous avons toutefois obtenu des précisions et des mises au point qui ne sont pas négligeables. La piste très inquiétante d’une note de bonne volonté et d’effort a été écartée clairement. Il a été reconfirmé que ce sont les moyennes des moyennes qui sont remontées dans Lotanet jusqu’au 15 juin et l’arrondi au supérieur ne se fait que sur la moyenne des moyennes.

Le travail des jurys
L’administration a détaillé l’organisation des jurys d’harmonisation. Ces jurys seront bien articulés en sous-jury de délibération et jury académique. Les effectifs seront plus restreints que d’habitude pour respecter les consignes sanitaires (20 à 30 maximum). Ils travailleront à partir des bordereaux remontés.
C’est le jury qui tranche si un candidat libre a un bien dossier recevable ou passera en septembre toutes les épreuves selon le format traditionnel. La modification éventuelle des notes prendra en compte le livret scolaire et des « éléments statistiques » (des indicateurs de performance) sur les 3 dernières années avec des résultats selon les séries, les mentions etc. à partir d’un travail de compilation du SIEC.
Le SNES Versailles s’est interrogé : y aura-t-il une pondération entre ces trois indicateurs ? L’un sera-t-il est plus important que les autres ? Nous déplorons l’absence de réponse claire. Nous ne savons pas en fait jusqu’à quel point ces ces indicateurs seront utilisés et leur importance. Il y a lieu de craindre que les jurys n’auront pas de consignes précises.

Qui sera membre des jurys ?
Les convocations pour les jurys vont tomber à partir de vendredi prochain. Il n’y a pas de base de données des professeurs ayant des vulnérabilités donc des personnels vulnérables peuvent être convoqués. Ils doivent donc se signaler s’ils sont convoqués en procédant via le chef d’établissement qui contactera le SIEC. Le SIEC a rappelé que la situation sera celle d’un « flux tendu » ce qu’on ne peut que déplorer.
Le SNES-FSU a dénoncé aussi l’absence d’un protocole sanitaire particulier même si les choses pouvaient changer selon l’administration. Les centres traditionnels seront cette fois encore mobilisés.

Le rattrapage
Il se tiendra les 8 et 9 juillet, voire le 10, et il y aura deux matières à choisir. Il se passera dans les centres de délibérations. Particularité de cette année : l’annexe à renseigner par les professeurs, qui permettra de remonter les chapitres vus par les élèves cette année, via les chefs d’établissement.
Nous avons posé la question des élèves auxquels il manque une note. Selon l’administration, ils passeront le rattrapage en septembre. Toutefois, si cela peut être justifié dans le dossier (malade, circonstances exceptionnelles) le bac pourra être attribué. Le cas typique est celui des candidats libres dans une langue qu’ils n’ont pu suivre dans leur établissement et qui n’ont donc aucune note. Il y aurait alors éventuellement marqué « absent ».

A toutes nos questions, nous n’avons eu, dans le meilleur des cas, qu’une réponse orale et parfois pas de vraie réponse. Nous maintenons notre revendication d’un cadrage clair et écrit par le Rectorat de l’académie.

 Les E3C

Un certain flou a pu encore être constaté à propos des E3C. La seule réponse claire concerne les élèves n’ayant pu passer les épreuves : il n’y aura pas de passage à la reprise mais l’an prochain et – bien dans l’esprit de la Réforme – la gestion sera locale. Le programme sera celui de cette année et non celui de l’année prochaine.
Depuis le 8 mai, le SNES était en l’attente d’une réponse à un courrier adressé à la rectrice de l’Académie sur le déroulement des jurys d’harmonisation des E3C. Nous attendons toujours cette réponse, qui ne nous sera pas donnée avant les vacances, selon l’administration. La représentante des corps d’inspection ne nous a en outre que répondu très rapidement et de manière bien insatisfaisante sur ce qui s’est passé.
Excepté le fait que les commissions d’harmonisation se seraient toutes tenues en mars et que 10 % des notes auraient été modifiées, les critères de travail n’ont pas été communiqués et aucun chiffre plus précis n’a été avancé. Les déclarations de sérieux et d’équité ne sont pas suffisantes aux yeux du SNES.

Voir notre article sur le bilan de la première session des E3C

 Le paiement de la correction du baccalauréat et du DNB

Nous avons signalé de nombreuses situations de retard de paiement par le SIEC avec des rumeurs tout aussi inquiétantes. Les relances que nous avons portées n’ont pas eu de réponse satisfaisante. Les représentants du SIEC ont expliqué que la situation est effectivement problématique : en effet la DRFIP refuse le versement des « paies dites accessoires » actuellement et ne verse que les paies principales pour les fonctionnaires et les contractuels. Tous les paiements liés au bac sont bloqués. Il faut attendre le déblocage (même si ce n’est pas un « gel budgétaire officiellement ». Les mises en paiement mises en route en février, ont put être versées en mars, mais depuis plus rien.
Une éventuelle reprise des paiements est annoncée pour juillet, voire août si les choses vont plus lentement que prévu.