M. le Ministre, l’oral de français doit être annulé MAINTENANT !

lundi 4 mai 2020
par  Snes S3 MRP

Les dernières déclarations du premier ministre Édouard Philippe sur la politique du déconfinement dans l’Éducation nationale ont laissé plusieurs questions sans réponse notamment celle des oraux du bac de français.

On sait qu’alors que les épreuves écrites du baccalauréat avaient été annulées au profit du contrôle continu, le ministre Jean-Michel Blanquer avait annoncé le maintien de l’épreuve d’oral de français pour les premières, moyennant la réduction du corpus à quinze textes pour la voie générale.

Plusieurs justifications avaient été avancées à une telle mesure.

  • Tout d’abord, les conditions de passage de l’oral de français seraient moins exigeantes d’un point de vue sanitaire que les épreuves orales puisque les flux d’élèves sont moins importants que lors des écrits et que les élèves ne sont que deux dans les classes, à côté de l’examinateur.
  • Par ailleurs, la maîtrise orale n’a pas été réellement évaluée durant l’année en français, à la différence de ce qui se passe dans les langues vivantes. L’évaluer serait important et serait aussi une mesure de justice pour beaucoup d’élèves plus à l’aise à l’oral qu’à l’écrit.
  • La perspective de l’épreuve de « Grand oral » en terminale a aussi dû jouer un rôle dans cette décision : le maintien de l’oral de français permettrait de poser les jalons d’une préparation à cette épreuve à laquelle tient beaucoup le ministre de l’Éducation nationale.

D’emblée le SNES-FSU a critiqué ce choix, dénonçant une logique de deux poids deux mesures traitant différemment les collègues de lettres et les autres enseignants (voir l’article du SNES national et le communiqué intersyndical. En effet le risque sanitaire est loin d’être négligeable dans un contexte de pénurie de matériel adapté (masque, gel etc.) et d’absence d’organisation face à la maladie.
Alors que la perspective d’une éventuelle ouverture des lycées en juin s’éloigne de plus en plus si l’on s’en tient aux annonces du premier ministre le 28 avril, il apparaît de plus en plus urgent que le Ministère se prononce et que l’épreuve soit annulée.
Les enseignants eux-mêmes sont très en colère et exigent que le Ministre annonce très rapidement l’annulation de l’épreuve.
Comme nous l’a expliqué Florence Brémard, du S1 du lycée Jeanne d’Albret à Saint-Germain-en-Laye, en ne se prononçant pas quant à cette annulation le Ministère crée « une profonde incompréhension car les enseignants de Lettres et les 1ères ont l’impression qu’on les maintient inutilement sur le grill pour finalement très probablement leur annoncer à la dernière minute l’annulation de l’épreuve. Le confinement est souvent une expérience difficile pour les élèves qui n’ont pas besoin d’incertitudes et d’angoisse supplémentaires. Ce temps devrait être celui des lectures, de la culture, et pas l’occasion d’un bachotage effréné. »
Par ailleurs, elle fait remarquer qu’au fur et à mesure que les conséquences de l’épidémie se profilent, les conditions du passage apparaissent comme de plus en plus intenables : « L’organisation matérielle des oraux va s’avérer problématique : on ne peut imaginer que comme à l’accoutumée les candidats attendent leur passage pendant plusieurs heures dans les couloirs de l’établissement. Impossible de respecter la distanciation et les gestes barrières lors de cette épreuve telle qu’elle est conçue en temps normal. En outre les enseignants reconnus personnes vulnérables et ceux qui seront malades ne pourront être examinateurs : certains centres risquent d’être sous tension et les examinateurs présents craignent déjà de voir le nombre de candidats à prendre en charge alourdi plus que d’ordinaire. »

Dans un tel contexte de pression sur une journée entière, il y a toutes les raisons d’imaginer que les gestes barrières seraient négligés et oubliés et ce d’autant plus que l’on sait que le port sur une longue durée d’un masque, alors qu’il faudra s’exprimer à travers lui malgré tout, est très contraignant pour tous les types de professionnels.

Alors que les conditions resteront très problématiques, d’un point de vue sanitaire, dans tous les départements classés « rouge », il est donc intenable de maintenir ces épreuves pour un examen qui se veut national et fondé sur l’égalité de traitement entre les candidats. Le bon sens et le respect des principes de l’Éducation nationale doivent prévaloir.