Bac : nouveau décret entre discours et réalité, encore une fois

jeudi 12 novembre 2015
par  Secteur politique éducative

L’an dernier, l’académie de Versailles avait déjà expérimenté un dispositif concernant des redoublants de Terminale, dispositif de re-préparation aux examens (Direa, à Puteaux). Ces élèves ayant échoué au bac en juin 2014 n’avaient pas assisté à tous les cours de Terminale, et l’administration s’est félicitée des bons résultats obtenus en 2015.
Il faut préciser que des élèves ont été accueillis dans une structure qui n’était pas une classe, mais un groupe réduit de redoublants. En l’occurrence, l’administration tablait donc sur des effectifs faibles pour avoir des effets positifs sur la réussite des élèves, mieux encadrés, donnant ainsi raison aux revendications du Snes.

Le Snes par ailleurs a réaffirmé à cette occasion le droit au redoublement. Mais le fait que les élèves puissent être dispensés des cours pose de nombreux problèmes.
Problème de responsabilité et de vie scolaire d’abord. Les élèves ne sont pas sous la responsabilité du lycée le temps qu’ils sont libres. Or de nombreux trous sont prévisibles ; aménager les emplois du temps autour de redoublants qui ne suivent pas les mêmes cours impliquerait des contraintes ingérables.
Problème pour les élèves fragiles aussi. Pour le Snes, des liens distendus avec le lycée ne sont pas un gage de réussite. Ne pas étudier certaines matières pendant un an — voire plus— est pénalisant pour les études futures.
Problème pour l’orientation ensuite. Quelle adaptation du logiciel APB ? Comment faire pour les dossiers de filières sélectives ?
Problèmes pratiques enfin. Possible changement de spécialité après les notes du bac (impliquant un changement de coefficient) ? les épreuves anticipées etc.
Affirmer le droit pour les redoublants d’être accueillis va dans le bon sens ; mais leur permettre une présence à éclipses ne masquera pas le manque criant de places dans les lycées — plusieurs centaines de lycéens n’avaient pas d’établissement en septembre dans le seul 92. Cela ne leur donnera pas non plus les moyens de réussir et risque de faciliter le décrochage.

C’est pourquoi le Snes a proposé un amendement dans lequel les élèves redoublants repassaient les épreuves et conservaient la meilleure des deux notes. Amendement voté à la majorité du Conseil supérieur de l’éducation, et rejeté par le Ministère. Qui reste fidèle à une ligne de conduite entre arrogance et autisme dans le dialogue social et qui prouve ainsi que son premier souci n’est pas la réussite des élèves mais la gestion des flux.