Lettre ouverte des personnels du collège Cézanne à Mantes 78 au Ministre de l’Education Nationale

jeudi 30 janvier 2014
par  Snes S2 Yvelines

Collège Paul Cézanne
Mantes La Jolie,
Le 24 janvier 2014

Lettre ouverte à M. Peillon, Ministre de l’Éducation Nationale

M. Le Ministre, après avoir été mis à mal les années précédentes, nous avons fait un rêve : une réforme
ambitieuse pour l’École, des mesures pour l’Éducation Prioritaire à la hauteur des difficultés que nous
rencontrons.

Nous avons fait ce rêve le 8 octobre, demi-journée de « concertation » sur les « Assises de l’Éducation
Prioritaire ». Le débat orienté et les prérogatives fortes nous ont ramenés à la réalité. La réforme est déjà
pensée.

M. Le Ministre, nous avons fait ce rêve, celui où vous annonciez des mesures pour relancer l’Éducation
Prioritaire. Le même jour, le verdict est tombé. Les moyens alloués à notre établissement sont en baisse
pour la rentrée prochaine.
La non-prise en compte des effectifs réels se traduit par une perte sèche de trente-huit heures.
Concrètement, ce sont deux postes d’enseignants menacés et des classes surchargées pour la rentrée,
situation que nous dénonçons, d’ailleurs, depuis des années. Par la voix de nos représentants SNES, en
délégation à la Direction Académique ou aux « Assises de l’Éducation Prioritaire » nous n’ avons cesse
de défendre que vingt élèves par classe maximum est une condition d’apprentissage indispensable.
Pourtant, rien dans les réformes en cours ne laisse entendre une réflexion autour du nombre d’élèves par
classe.
Comme chaque année, nous faisons le rêve de ne pas avoir à nous justifier et d’obtenir des moyens à la
hauteur de la concentration de nos problématiques. 90 % de CSP défavorisées n’est-ce pas un indicateur
suffisant ? Notre expertise n’est-elle pas légitime ?

M. Le Ministre, nous avons rêvé ces temps de concertation compris dans le temps de travail sans
allonger ce dernier. Vos réformes annoncent cet allègement pour les enseignants. Cependant, depuis cinq
ans, les équipes s’amenuisent, les conditions de travail se dégradent, les postes partagés sont en hausse.
On nous fragilise, de nouveau, avec trente-huit heures de moins . Ces mêmes équipes sont parfois
incomplètes. En effet, M. Le Ministre, voici la réalité, certains professeurs manquent depuis la rentrée.
Dans notre établissement, aucune heure de latin n’a pu être assurée. Pourtant, nous avons interpellé le
rectorat à ce sujet.

M. Le Ministre, la réalité c’est aussi une réforme à moyens constants. Si nous obtenions les trente-huit
heures manquantes, nous ne pourrions assurer que les horaires minimum à effectif raisonnable. Quelle
ambition réelle peut-on afficher ? Celle d’un climat scolaire apaisé ? Où sont alors les apprentissages ?

M. Le Ministre, nous avons rêvé de cette École idéale, égalitaire, qui offre à tous et à chacun les mêmes
chances de réussir. Aujourd’hui, on nous propose, de nouveau, une École où l’on pallie les manques, une
École où l’on enlève aux uns pour donner aux autres. Nous le refusons.
A titre d’exemple, prendre les moyens des classes préparatoires pour les réinjecter dans l’Éducation
Prioritaire, conduit à se représenter l’image d’une École morcelée.
Nous rêvons d’une École de la République qui garantit à chacun la même perspective de réussite, de la
maternelle aux grandes écoles, et ce, sur tous les territoires. Cela signifie que l’État doit prendre ses
responsabilités sur des territoires oubliés. Quel poids fait-on porter à l’École alors qu’elle est l’une des
dernières Institutions représentant l’État dans le Val Fourré ? Dans quelle posture met-on les habitants
de ces quartiers, nos élèves, leurs parents ?

M. Le Ministre, nous avons fait ce rêve où le fondement de la loi Savary nous serait appliqué, la volonté
de ne faire qu’un passage en Éducation Prioritaire. Nous avons théoriquement vocation à en sortir.
Pourtant, nous y sommes ancrés. M. Le Ministre, quelles réponses pouvez-vous nous apporter ?

Les personnels du Collège P.Cézanne