Rentrée 2013 : « les années difficiles sont-elles finies » ? compte rendu CTA du 17 janvier

dimanche 20 janvier 2013
par  Snes S3 MRP

 RENTRÉE 2013 DANS LE SECOND DEGRÉ DE L’ACADÉMIE DE VERSAILLES + 400 EMPLOIS, + 3123 ÉLÈVES, -3021 EMPLOIS ENTRE 2007 ET 2012

Dans ses vœux adressés à la communauté éducative, Vincent Peillon a déclaré que les personnels avaient « connu des années difficiles » et que ces dernières étaient « finies ». L’Ecole est redevenue la priorité de la nation et, après dix années de suppressions massives dans l’Education nationale, la fin du dogme du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux dans l’Education nationale se traduit par 3764 créations d’emplois dans le Second degré dont 400 pour l’académie de Versailles à la rentrée 2013.

Cette inversion de tendance qui est à porter à l’actif des luttes des personnels ces cinq dernières années à l’initiative du SNES et de la FSU est positive mais problématique et insuffisante. Les emplois nouveaux dans l’Education nationale sont financés par redéploiement au sein de la Fonction publique où les suppressions d’emploi se poursuivent sur un rythme identique aux années Sarkozy. Ils servent à poursuivre des réformes et des orientations combattues par les personnels : socle commun, réformes des lycées, des langues vivantes, dynamitage de l’Education prioritaire, master en alternance en guise de formation pour les néo-enseignants, contractualisation des moyens… Ils ne couvrent pas la hausse des effectifs dans le Second degré et ne vont déboucher sur aucune amélioration concrète.

 EN GUISE DE MOYENS NOUVEAUX, 1200 ÉTUDIANTS-CONTRACTUELS DANS L’ACADÉMIE

La totalité des moyens nouveaux à l’échelle nationale comme à l’échelle académique est constituée par le recrutement anticipé sur la session de 2014 d’étudiants de M1 qui seront payés sur la base d’un mi-temps (soit 60% du SMIC) pour faire un service de 6 heures alors qu’en 2009, avant la réforme Chatel, au même niveau de recrutement, ils étaient rémunérés à temps plein avec le statut de fonctionnaire stagiaire. Dans le même temps, ils devront accomplir leur année de M2 et se préparer aux épreuves d’admission du CAPES en juin 2014 dont le nombre de postes devrait correspondre à 93% des recrutements ainsi effectués, ce qui représente une charge de travail intolérable.

Le Ministère utilise la crise de recrutement que le pouvoir précédent a organisé pour, sous couvert d’urgence, reproduire sur une grande échelle un modèle dénoncé et combattu : celui scandaleux des masters en alternance (formation sur le tas, recours à une nouvelle forme de précarité…) qui le dispense des mesures ambitieuses que nous demandons (pré-recrutements avec le statut d’élèves-fonctionnaires et sans autre contrepartie que de servir l’Etat après la réussite au concours, décharge de de service pour les AED préparant les concours, aides sociales aux étudiants …). Les universités sont sensés en l’espace de quelques semaines refaire leur maquette de master pour l’ouverture des épreuves d’admissibilité en juin 2013 !

Au total, ce sont 1200 étudiants dans l’académie qui devraient être recrutés. L’objectif ne sera pas sans doute atteint au vu des conditions imposées, ce qui va se traduire par le recrutement de davantage de non titulaires.
L’affectation de ces étudiants-contractuels qui doivent être à proximité de leur centre universitaire pour suivre l’année de master 2 menace également d’avoir des conséquences lourdes sur le mouvement intraacadémique.

Le SNES continue d’exiger la création d’emplois stagiaire à part entière et de véritables pré-recrutements.

 DANS LES COLLÈGES ET LYCÉES, PAS DE PERSPECTIVES D’AMÉLIORATION ET DES RÉFORMES QUI SE POURSUIVENT

L’académie de Versailles connaît une hausse sensible de ces effectifs dans le Second degré aussi bien en collège qu’en lycée. Amorcée il y a deux ans, cette tendance est destinée à se poursuivre.

Les moyens supplémentaires donnés à l’académie de Versailles qui possède les effectifs moyens par classe parmi les plus élevés en France n’entraînent aucune amélioration des taux d’encadrement comme le comme le montre le tableau ci-contre.

Dans les collèges, depuis longtemps asphyxiés par les suppressions massives d’emplois, leur situation est encore aggravée par une progression du nombre d’heures supplémentaires.
Dans les lycées, l’appréciation de la situation est rendue difficile par le maintien d’une répartition opaque des moyens avec la fusion de ceux de la voie générale et technologique et de ceux de la voie professionnelle. Face à la pénurie des moyens qui perdure, l’Administration est cependant incitée à utiliser les ressorts de flexibilité contenus dans les réformes Chatel des lycées qui ont été maintenues (tronc commun pour regrouper des élèves de séries différentes et maximiser le nombre d’élèves par classe, mise en cause des heures de décharge statutaire…) et contre lesquels il faut continuer de s’opposer.

37 emplois supplémentaires sont consacrés à l’Education prioritaire par le nouveau Recteur. Mais, d’une part, ces moyens supplémentaires sont destinés à des établissements choisis selon des critères opaques créés par le Recteur Boissinot pour réduire de moitié le nombre d’établissements éligibles dans notre académie selon les classements précédents (la liste des établissements choisis et exclus en fin d’article). Et, d’autre part, ces 37 emplois doivent se traduire par la création de poste d’enseignant d’appui dans les établissements concernés sur le modèle des Réseaux ambition réussite mis en place en 2006 sous le Ministère de De Robien.

  LA POURSUITE DU DYNAMITAGE DE L’EDUCATION PRIORITAIRE ?

Le SNES a fortement contesté ces choix sur le fond et la forme. Il n’est pas opposé à une modification de la carte de l’Education prioritaire. Mais celle-ci doit reposer sur des critères discutés et transparents et ne pas s’inscrire dans une stratégie a priori de réduction du nombre d’établissements, au motif de ne pas diluer des moyens globalement insuffisants.
Les moyens supplémentaires doivent permettre de diminuer le nombre d’élèves par classe, de créer des dédoublements et du soutien scolaire, d’accorder des décharges de service pour faciliter le travail en équipe et la concertation. Or, dans sa répartition des moyens, le Recteur Duwoye convertit ses moyens d’enseignement supplémentaires en moyen de pilotage pédagogique par la création d’enseignant d’appui, recruté sur poste profilé par les C/E et les IPR, pour organiser et coordonner les projets à l’intérieur des établissements, et accessoirement enseigner.

Le Recteur a refusé de revoir la liste arbitraire des établissements dit protégés arguant du manque de temps pour définir de nouveaux critères d’ici la rentrée 2013 et déclarant attendre les choix du Ministre avant d’opérer tout nouveau classement. Il a renvoyé aux établissements concernés le choix de décider la nature des moyens supplémentaires pour les établissements concernés : abondement de la DHG pour favoriser la diminution du nombre d’élèves par classe, les demi groupes plutôt que la nomination d’enseignants d’appui.

Le SNES met en garde les personnels contre la création de postes d’appui, détachés des enseignements disciplinaires, qui vise à poursuivre des expérimentations autour de l’Ecole du socle ou des ECLAIR.


Documents joints

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