La fin des classes relais dans le 92 ?

mercredi 6 juin 2012
par  Snes S2 Hauts de Seine

Sans aucune concertation l’Inspecteur d’Académie a décidé de transformer les classes relais du département. Les enseignants en charge de la coordination de ces classes, les collègues des établissements concernés (qui ne se réduisent pas seulement à l’établissement de rattachement), les élus des conseils d’administration, les chefs d’établissement, les élus des personnels en Comité Technique n’ont jamais été informés de cette décision arbitraire.

L’Inspecteur d’Académie a décidé de modifier complètement ces structures - qui fonctionnent et ont fait leurs preuves - en dispositifs réservés à des « poly-exclus », ils n’y resteraient que 15 jours Cela revient à changer complètement la nature et le fonctionnement des classes relais. En effet, les classes relais obéissent à une logique de prévention à l’égard d’élèves décrocheurs, en grande difficulté scolaire et qui souvent risquent un conseil de discipline, à plus ou moins court terme. Il s’agit avant tout d’un dispositif de remédiation : l’élève et sa famille accepte d’entrer dans une classe relais pour un temps relativement long (4, 5 voire 12 semaines, cela dépend des classes relais), il y suit des cours pour l’aider à reprendre pied scolairement et à redonner du sens à son travail scolaire. Le nouveau dispositif est complètement différent : il s’agit d’un « sas » de 15 jours pour un élève qui vient d’être exclu avant de le remettre dans son nouvel établissement. Il ne s’agit pas du tout d’un même dispositif !
L’inspection académique pour traiter un problème réel (que faire des élèves exclus) fait disparaître un dispositif existant et différent (les classes relais) : concrètement c’est du redéploiement ! Et comme par hasard, c’est le dispositif préventif qui se trouve sacrifié – au risque de produire au final davantage d’exclusions par conseil de discipline !

Suite à l’action des collègues (notamment ceux de Gennevilliers) et à l’intervention du SNES-FSU lors du comité technique du 31 mai puis d’une audience, l’Inspecteur d’académie s’est engagé à ne pas « être dans l’imposition d’un modèle ». Il a affirmé définir une orientation mais « qu’il appartenait aux équipes d’apprécier la faisabilité et les modalités de l’orientation ». En clair, il ne forcera pas les établissements et les équipes où se trouvent des classes relais à abandonner leur ancien fonctionnement, les deux dispositifs pourront fonctionner parallèlement (si c’est possible…) mais c’est encore renvoyer à l’échelle locale un dispositif qui relève du pilotage départemental.

Pour le SNES, il faut mettre en place des dispositifs de proximité évitant que les élèves exclus par conseil de discipline se trouvent de fait déscolarisés plusieurs semaines, dans l’attente d’une réaffectation dans un nouvel établissement. C’est à l’Education Nationale d’assumer ses obligations dans ce domaine. Il faut rompre clairement avec la politique menée ces dernières années, qu’il s’agisse des Etablissements de Réinsertion Scolaire au bilan calamiteux et dont le SNES demande toujours la fermeture, ou de la sous-traitance des élèves exclus à des structures associatives ou municipales sur lesquelles l’Etat se défausse pour faire des économies….
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Quant aux classes-relais, il est urgent de leur donner les moyens de mieux fonctionner, en favorisant l’implication de personnels titulaires volontaires dans de véritables équipes pluricatégorielles (par exemple, la PJJ devrait intervenir mais elle n’a pas les moyens pour) et stables, avec intégration dans le service des temps de concertation nécessaire. Il faut donc sortir de l’hyperprécarité, du bricolage à coup d’HSE (il y a encore quelques années les établissements recevaient un complément de DHG pour la classe relais) et de la multiplication de dispositifs « sauvages » et absolument pas cadrés, créés « au local » par certains chefs d’établissement.

Une politique sérieuse de lutte contre le décrochage et de prévention des sorties sans qualification doit « commencer maintenant », avec de premières mesures applicables dès la rentrée.
Le collectif budgétaire soumis en juillet au parlement doit inclure les moyens de les financer. Il n’est pas envisageable qu’à la rentrée 2012 on en reste aux redéploiements de fonds de tiroir, aux dispositifs-sas « ou » aux classes relais - alors qu’il faut développer les deux ! C’est, encore une fois, les élèves les plus fragiles qui sont victimes des politiques publiques d’économie et de redéploiement des moyens.

Le SNES 92

A lire : la réaction des collèges de Gennevilliers à la transformation de leur classe relais : http://www.versailles.snes.edu/spip.php?article2599